Deadwood
Birth of a city
Au commencement il y a les Blacks Hills, massif montagneux majestueux et sauvage que les Sioux considèrent comme sacrée. En 1874 le colonel Custer, de sinistre mémoire, y mène une expédition lui permettant de mettre à jour d’importants gisements aurifères.
Immédiatement un black out est imposé par le gouvernement, pour éviter que la rumeur ne se répande comme une trainée de poudre.
Peine perdue. C’est la ruée vers l’or, des milliers de gold diggers mais aussi une foule bigarrée plus ou moins fréquentable se précipite vers ce qui semble être un nouvel eldorado. Les indiens ulcérés par cette intrusion dans un de leurs territoires sacrés prennent les armes et s’en vont affronter l’armée de Custer lors de la bataille de Little Big Horn connue aussi sous le nom de Custer Last Stand. Malgré la victoire du peuple indien rien ne peut arrêter le pionner excité par l’odeur de l’or.
La même année, 1876, la ville de Deadwood sort de terre.
Le mythe peut maintenant s’écrire en lettres de sang.
Quand en 2004 David Milch s’attaque à la production de son nouveau bébé, il est déjà un grand nom dans l’univers télévisuel américain. A son actif Hill Street Blues et NYPD Blue, deux piliers importants de la série policière outre-Atlantique mais c‘est avec Deadwood qu’il atteint son apogée artistique. Apogée qu’il n’a pas retrouvé depuis en regard de la grande déception qu’est sa série suivante John From Cincinnati.
Deadwood prend fièrement place dans ce que l’on peut considérer comme l’âge d’or de la chaîne HBO. Epoque bénie où la chaîne câblée pouvait aligner sur sa grille de programmation des séries telles que Carnivale, Six Feet Under, The Sopranos, Rome, ou The Wire. Une programmation radicale qui a fait le bonheur des sérieophiles mais aussi des créateurs qui ont pu, comme jamais, innover et proposer des séries à l’ambition artistique démesurée. Une politique qui n’a pu, hélas, s’éterniser pour des raisons essentiellement budgétaire mais aussi d’audience (le public ne suivant pas toujours l’offre avant-gardiste proposé par HBO), et qui a malheureusement fait sonner un peu trop vite le glas de Deadwood, obligé de s’arrêter à la troisième saison sans que Milch n’ait pu aller au bout de son projet.
A savoir conter la naissance et la mort de la plus emblématique des villes minières américaine.
Mais ne pleurons pas trop, il nous reste quand même trois putains de saisons qui ont su nous plonger avec délectation dans les turpitudes des plus grands cocksuckers de l’Ouest Américain.
"Welcome in fuck’in Deadwood."
Al Swearengen
La ville de Deadwood fut durant ses quatre ans d’existence l’incarnation même d’une zone de non-droit, comprendre que ce trou perdu dans l’immensité sauvage des Blacks Hills fut un lieu où la loi faisait défaut, où la justice et la législation de l’Union n’avait pas encore le droit de cité. Un havre de paix pour tous les tordus, gangsters et autres rapaces qui sévissaient alors dans la jeune Amérique. Une ville qui vit en deux petits mois sa population atteindre dix mille habitants prêts à tout pour réussir. Une cité qui connut durant ses quatre ans d’existence un développement anarchique et protéiforme jusqu'à disparaître dans un incendie ravageur, dans lequel certains ont voulu y voir la colère divine d’un dieu vengeur n’acceptant pas l’existence d’une nouvelle Sodome.
Nous sommes ici bien loin de l’Amérique Tocquevillienne démocratique et propre sur elle, mais plutôt dans une Amérique violente et sanguinaire, où l’argent roi impose sa loi à tous et à toutes comme a pu l’écrire l’historien marxiste Howard Zinn dans son œuvre majeure Histoire Populaire Des Etats-Unis.
Voilà pour le background historique, formidable terreau fictionnel et mythologique dans lequel Milch et ses scénaristes ont puisé l’essence même de leur récit.
Jonglant sans cesse entre la pure reconstitution historique à forte tendance documentaire et l’iconisation mythologique Deadwood réalise un grand écart magistral qui permet à Milch de réinventer le western tel que la fiction hollywoodienne nous l’a montré depuis près d’un siècle. Mais réinventer ne veut pas dire tabula rasa, au contraire, les scénaristes connaissant sur le bout des doigts le lourd passif qui existe entre la fiction et le genre western et plus particulièrement pour le cas qui nous occupe sur la figure de la ville pionnière, ils s’ingénient à slalomer entre passage obligé, réalisme frontal et envolée lyrique.
Au sein de cette foutue marmite qu’est la ville de Deadwood, évolue un nombre hallucinant de personnages, de plus ou moins grande importance, mais qui vont chacun avoir un rôle à jouer dans le devenir de la saison. Ils sont le sang et l’âme de la série. Il nous paraît donc important, comme introduction à l’univers protéiforme de Deadwood, de présenter cette pléthore de personnages, chacun ayant une fonction précise dans le schéma narratif de la saison.
Ainsi nous ferons connaissance au fil des épisodes avec une importante galerie de personnages, dont voici quelques spécimens.
Commençons tout de suite par le plus charismatique d’entre eux : Al Swearengen, patron du Gem, saloon mal famé et plaque tournante des arcs scénaristiques animant cette première saison. Il est l’un des premiers habitants de Deadwood, l’un de ceux qui a abattu la forêt pour y implanter les premières habitations. Incarné avec brio par le trop méconnu Ian Mac Shane, il est le cerveau du camp, tirant les ficelles dans l’ombre, il impose sa volonté par la violence et les arnaques. Malgré sa férocité et son absence de remords il acquiert au fil de la saison une humanité insoupçonnée notamment dans les rapports qu’il entretient avec sa bonne handicapée, son homme de main Dan ou avec Trixie sa pute préférée. C’est avec beaucoup de finesse que Mac Shane injecte dans son attitude et ses regards une douceur et une certaine compassion que l’on ne pouvait soupçonner la scène précédente. Alors qu’aux premiers abords il est un salopard de première catégorie, il devient au fil de la saison un être attachant et perfectible.
Seth Bullock est sans doute le personnage le plus problématique et ambivalent du casting. A la fois chevalier blanc défendant la veuve et l’orphelin (expression à prendre au pied de la lettre, dans son cas) mais aussi caractériel hyper violent, il est incarné par un Timothy Oliphant qui lui prête son charisme d’endive. Pourtant la symbiose marche et Oliphant trouve la juste distance entre froideur et explosion de violence pour un personnage qui reste sa meilleure prestation jusqu’à maintenant. C’est avec lui, lors de l’épisode inaugural, que le spectateur pénètre pour la première fois dans le camp. Il vient à Deadwood pour ouvrir une quincaillerie avec son associé Sol Star. Décidé a oublié son passé de shérif, il sera pourtant obligé de faire face à ses obligations quand la situation du camp s’envenimera (c'est-à -dire trop souvent).
Martha Canary ou Calamity Jane : l’immense Calamity, icone de l’Ouest américain, elle est ici plus réelle et proche de la merde que jamais. Alcoolique irrécupérable, parlant un langage assez peu conventionnel (à base de fuck et de cocksucker tout les deux mots), elle impose sa présence sans problème dans le très masculin Deadwood. Les scénaristes lui offriront au long de cette saison plusieurs arcs scénaristiques lui permettant de déployer toute sa profondeur. Imbibée jusqu’à la moelle et ordurière, elle saura se montrer maternelle avec la jeune survivante d’un massacre et douce et attentionnée avec les pionniers atteint de la variole. C’est d’ailleurs le premier d’entre eux qui après qu’elle se soit occupé de lui et l’ai sauvé de cette maladie la surnommera avec affection calamity.
Alma Garret représente avec son mari victime d’une arnaque ces citadins riches et naïfs qui vinrent tenter l’aventure dans l’Ouest sauvage. Pourtant à l’instar des autres personnages, elle cache sous une apparente fragilité (fragilité renforcée par sa consommation importante de laudanum) une force de caractère insoupçonné qui lui permettra, avec l’aide de Bullock, de s’imposer petit à petit face à des hommes de la stature de Swearengen. Elle devient au fil de la saison l’un des personnages les plus importants du camp en raison de la prospérité de sa mine.
Wild Bill Hickock, autre figure mythologique de l’Ouest américain, est ici incarné par Keith Carradine himself. Personnage monolithique au verbe rare, il s’exile à Deadwood pour essayer de reconstruire sa vie. Il est accompagné par Charlie Hutter sorte de Gemini Cricket qui veille jalousement sur ses finances et essaye de le raisonner quant à sa passion pour le poker. Profondément mélancolique, il balade sa stature de monstre sacré comme un fardeau dont il aimerait bien se débarrasser.
Bill Doc Cochran, médecin humaniste incarné avec brio par l’immense Brad Dourif aka le meilleur acteur de tous les temps. Il est de par sa position une sorte de témoin privilégié de la décrépitude humaine qui touche l’ensemble de la population de Deadwood. En contact direct avec les putes qu’il soigne et réconforte tant bien que mal lors de ses visites mensuelles, il est aussi proche des patrons qui lui font confiance. En dehors de son travail dans les saloons, il est sans cesse sous pression passant son temps à recoller les morceaux disjoints d’une humanité en constante désagrégation. Plus tard dans la saison il devra faire face à une épidémie de variole particulièrement agressive, épidémie qui le poussera dans ses derniers retranchements, de par son incapacité à accepter la mort.
Se rajoute à ces personnages, que votre dévoué rédacteur considère comme les plus intéressants une pléiade d’énergumènes tous plus rongés par le vice et la folie les uns que les autres. On peut citer Cy Tolliver,patron psychopathe du Bella Union, saloon concurrent du Gem, Joanie Stubbs,mère maquerelledu Bella en quête d’indépendance, E.B Farnum, pourriture gluante sur deux pattes et patron de l’hôtel dans lequel vit Alma Garret, Jack Mc Call,petite frappe alcoolique et grande gueule, Dan Dority,main de velours dans un gant de fer et chien de garde sans pitié de Al.
On pourrait continuer ainsi encore un long moment tant l’une des caractéristiques principales de Deadwood est de faire intervenir de nombreux personnages qui chacun représentent une facette différente de ce "monde en devenir", qui chacun apportent une pierre à l’édifice de ce monstrueux panoptique qu’est la série de Milch.
Comme nous l’avons vu, Deadwood s’amuse à faire revivre certaines des légendaires figures de l’Ouest, Calamity Jane et Wild Bill en premier lieu qui ne sont ici pas vu comme des purs blocs mythologiques, mais qui au contraire tout en gardant une certaine aura sont laminés en profondeur par leur nature profondément humaine et donc imparfaite. Là est le génie de la série, en constant équilibre sur le fil qui sépare la réalité et le mythe. Puisant des deux côtés ce qui lui semble le plus intéressant, elle reconfigure une certaine vision de l’Ouest américain.
La même opération est effectuée sur le reste des personnages, car la plupart ont réellement existé, Swearengen fut vraiment le propriétaire du Gem, Bullock n’a jamais été shérif de Deadwood mais fut nommé par le gouverneur, shérif du comté de Lawrence, E.B Farnum ne fut jamais propriétaire d’un hôtel mais devint bien maire de la ville. Il s’agit donc à chaque fois de partir d’un background historique bien délimité, puis de l’emmener sur le territoire de la fiction, d’y injecter de la complexité, de construire le mythe dans les oripeaux du réel.
Toujours dans la même veine réaliste, le langage pratiqué dans le camp de Deadwood est sans doute ce qu’on a entendu de plus ordurier et vulgaire sur le petit écran. Mais il ne s’agit absolument pas d’une coquetterie ou d’un effet poseur consistant à choquer la bourgeoise, au contraire il n’y a rien d’artificiel dans le vocabulaire utilisé, il découle du souci de réalisme qui affecte les scénaristes du show. Bien sûr les insultes sortant de la bouche des acteurs ne sont pas exactement les mêmes que celles prononcées par les pionners du 19ème siècle mais cette facilité prise avec la réalité historique n’est pas rédhibitoire, il s’agit juste de moderniser un langage, sans en trahir l’essence. Ainsi les échanges entre protagonistes ne tombent pas dans le ridicule, ne deviennent pas involontairement comique par leur sonorité désuète, ils gardent une force d’évocation qui impressionne durablement l’auditoire à en juger par le nombre de remarques évoquant ce langage ordurier que l’on peut trouver sur les forums ou dans les articles traitant de Deadwood.
La mise en scène de son côté se place au service du récit, entièrement dévoué à l’histoire elle ne vient jamais parasiter la légende. Pas de shaky-cam, pas de caméra porté, pas de zoom intempestif pour sur souligner les tensions innervant le cadre, gimmick devenu presque passage obligé pour nombre de séries actuelles qui cherche le réalisme. Non pas que l’utilisation de ces artefacts soient disqualifiant ou honteux, des séries comme The Shield, Battlestar Galactica ou Dead Set ont su les utiliser à bon escient, mais ici le réalisme, comme dans The Wire avec qui Deadwood possède de nombreux points communs en dehors de leur perfection, vient surtout des relations entre les personnages, de la véracité des rapports humains et des luttes de pouvoir, de l’aboutissement de la reconstitution de l’environnement et de son atmosphère.
Il n’empêche la mise en scène dans son ensemble ne peut être considéré comme inintéressante ou inexistante. Dès le premier épisode réalisé par un Walter Hill en pleine possession de ses moyens, les règles du jeu sont posées et il est clair que nous avons à faire a une forme esthétiquement très soignée et ambitieuse. Les moyens alloués par HBO à la reconstitution du camp de Deadwood ont été importants, les différents réalisateurs en ont pris bonne note et les plans larges embrassant le chaos mouvant de Deadwood sont légion. Ces nombreux plans en plus de leur beauté plastique quasiment picturale permettent aux spectateurs d’aborder concrètement le dispositif topographique anarchique que représente ce camp. Quand l’action prend place dans le bourbier que sont les rues de Deadwood, le filmage reste sage, pas de mouvement de caméra De Palmien, pas de cam épileptique et pourtant l’immersion est totale, le spectateur ressent quasiment dans sa chair l’explosion vitale, le chaos ambiant qui envahit les ruelles et se déversent en continu dans les saloons.
Se rajoute à cela une photographie magnifique tout en contrastes qui permet de mettre en valeur l’ambiance sale, poussiéreuse et profondément mélancolique qui émane de cette ville en construction. Comme si à peine née, elle portait déjà en elle tous les symptômes de sa déréliction.
Ancré dans les Etats-Unis du 19ème siècle, Deadwood se propose de dresser un portrait sans fioritures de la plus emblématique des villes pionnières de l’époque. Un tel objectif déjà diablement excitant en soi est poussé encore plus loin par les scénaristes et Milch, puisqu’au fil des épisodes le spectateur se rend compte qu’ils esquissent à travers la représentation de Deadwood le tableau d’une nation balbutiante, et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il est noir et terriblement déprimant sur la réalité des racines profondes des U.S.A. En cela ils suivent les préceptes, tout en les retournant, du western classique qui lui aussi, souvent avec beaucoup de mauvaise foi et un soupçon de propagande, a voulu incarner à l’écran la création d’une nation.
Tout ce qui a donné naissance aux U.S.A  se trouve concentrés dans ce trou perdu des Black Hills.
La première particularité retransmise avec beaucoup de justesse et de précision par Deadwood est l’aspect hétéroclite de sa population. Les Etats-Unis sont une terre d’immigrés et par extension le camp en est un aussi. Nombreuses sont les apartés nous apportant un éclaircissement sur les origines des personnages. Sol Star, l’associé de Bullock évoque souvent ses origines autrichiennes en racontant les conseils que feu son père lui a prodigué avant qu’il n’émigre. Swearengen aime disserter sur ses ascendances anglaises, même si l’ont peu douter de la réalité de ses assertions. Le personnage de Wu, qui confie les cadavres gênants du camp à ses cochons gourmands, est le représentant le plus emblématique d’une communauté chinoise qui acquiert au fil de la série une importance considérable. Deadwood évoque ainsi le cliché du melting-pot américain, celle d’une nation non pas liée par le sang des anciens (ils sont en train d’être massacré consciencieusement) mais qui se construit par l’histoire, la culture, les traditions que les peuples du monde entier apporte dans leurs bagages, avec tout ce que cela implique comme difficultés et richesses.
Le mythe de l’accession rapide à la fortune est depuis toujours lié à l’image de l’Amérique. Le camp de Deadwood pourrait en être l’exemple triomphant, il est ce qu’on appelle un bon client. Un lieu encore à l’état de nature où la loi de l’Union n‘est toujours pas promulguée, de la pépite d’or en abondance, des milliers de prolos convertis en gold-diggers, une hiérarchie sociale que l’on n’imagine pas tout à fait établie et pourtant malgré la folie et l’espoir que l’on sent bouillonné dans cette ville jamais endormie, le statu-quo est de rigueur. Loin de toute mythologie éventée, Deadwood nous montre un ascenseur social irrémédiablement bloqué, le petit chercheur d’or qui trouve quelques pépites vient les dépenser au Gem ou au Bella si elle veut se payer le mirage d’une réussite sociale avant de repartir besogner la terre noire des Black Hills, tandis que les gros exploitants engrangent les kilos d’or en faisant trimer jusqu'au sang des ouvriers sous payés et surveillés comme des dangereux criminels irrécupérables. Il n’y a pas de cadre juridique bien défini à Deadwood mais l’argent et la violence en impose un bien pire.
Enfin, la menace que représentent les Indiens, même si elle est confinée la plupart du temps dans le hors-champ, reste une menace sourde qui pèse sur les conversations, modèle les comportements et les peurs. Dans le premier épisode on apprend qu’une famille a été massacrée sauvagement à quelques encablures du camp, tout de suite les soupçons pèsent sur les Indiens qui sont loin d’avoir enterré la hache de guerre. Pourtant après une rapide enquête Bullock et Wild Bill se rendent compte que l’horreur a été commise par des bandits de grand chemin travaillant sous les ordres de Al Méphistophélès Swearengen.
Dès ce pilotenous basculons de l’autre côté du miroir, dans un espace-temps où l’homme est un loup pour l’homme, et c’est selon cet adage que les arcs scénaristiques de l’ensemble de la saison vont être modelés.
On assiste dans le camp à des luttes de pouvoir, politiques et territoriales, qui vont du macro au micro, avec toujours une même violence froide et distanciée qui ne laisse aucune place aux sentiments et impose sa loi totalitaire sur les comportements. Que ce soit Al organisant"l’accident" du mari d’Alma pour récupérer sa concession, ou les autorités de l‘Union qui cherchent à spolier de ses terres l’ensemble de la communauté par l’intermédiaire d’un magistrat véreux et de son bras droit plus proche du tueur à gages que du col blanc, il y a toujours sur ces terres noires du sang et des larmes qui doivent couler. La violence et la bassesse sont les deux mamelles abreuvant la vie quotidienne de Deadwood.
Quand la civilisation est en marche, c’est la barbarie qui triomphe.
Série portant un regard terriblement noire sur les bassesses de l’âme humaine, Deadwood nous conte l’avènement de la société capitaliste et plus largement sur l’éclosion d’une nouvelle ère qui n’en est qu’a ses premiers pas et qui déjà charrie un flot de sang et de douleur cauchemardesque.
Rarement le regard porté sur un microcosme (on peut penser à Oz) a été aussi cruel, sans concessions et pourtant si pétri d’humanité.
Chaque personnage, malgré ses tares et ses ignominies, vient nous toucher au plus profond de nos êtres. Comme une vérité insaisissable et pourtant primordiale. Ils sont d’une époque que nous n’avons pas connu, d’un mode de vie bien différent du notre, pourtant ils sont là , debout et ils nous parlent, ils évoquent notre horreur, notre barbarie, mais aussi nos faiblesses et parfois notre beauté, comme un miroir déformant nous renvoyant une image grotesque mais empli d’une vérité que l’on préférerai oublier.
Al, Seth, Jane, Alma, Doc, Dan, Trixie, E.B, Sol, Cy, Wild Bill, Charlie, Wu : ils sont de la famille, les ancêtres dont on raconte la légende les soirs d’hiver au coin du feu.
DEADWOOD
Réalisation : Edward Bianchi, Daniel Minahan, Davis Guggenheim, Gregg Fienberg, Mark Tinker, Steve Shill...
Scénario : David Milch, Regina Corrado, Ted Mann, Elizabeth Sarnoff, Jody Worth...
Production : Gregg Fienberg, David Milch, Steve Turner, Kathryn Lekan...
Photo : James Glennon, Joseph GallagherWavier Pérez Grobet, David Boyd
Interprètes : Brad Dourif, Timothy Oliphant, William Sanderson, Molly Parker, Ian McShane, W. Earl Brown...
Origine : USA