Ainsi parlait John McTiernan

Talk hard

John McTiernan

Habituellement, John McTiernan exprime son génie visuel au travers de sa mise en scène. Mais les paroles de cet adepte d’une image signifiante s’avèrent tout aussi riches d’enseignements. Alors que l’attente d’un hypothétique prochain film est insoutenable, exhumons quelques extraits d’une interview très intéressante.

 

A l’occasion d’un dossier consacré à l’état post-11 septembre 2001 du cinéma américain, Les Cahiers Du Cinéma de mars 2003 (n°577) ont publié une longue interview de John McTiernan dont le dernier film (en date), Basic sortait deux mois plus tard.

 

couverture n°577 des Cahiers du Cinéma
 

Une entrevue de huit pages où McT revient sur ses relations tumultueuses avec l’industrie hollywoodienne, sur sa façon d’appréhender le médium, de l’utiliser, sur son idéal de cinéma…

Des propos qui respirent l’humilité et qui font un bien fou à lire. Mais qui sont également un crève-cœur lorsque l’on voit l’ostracisation dont il a pu faire l’objet, même avant ses déboires judiciaires dans l’affaire Pellicano.

Allez hop, petite sélection !

 

Sur Matrix :

"J’adore Matrix, c’est très proprement fait, comme une explication du monde par le mythe pour tous les gosses : un monde où plus rien ne serait réel, mais créé par quelqu’un qui essaie de leur vendre quelquechose, de modifier, contrôler leur comportement d’une manière ou d’une autre. Il y a là quelquechose que nous ressentons tous. Si un anthropologue venait aujourd’hui nous demander quelles sont nos visions religieuses et philosophiques, ce qu’il appellerait notre cosmos, ce serait ce que l’on ressent devant Matrix." 

 

Sur l’utilisation des effets numériques dans les films et plus généralement sur le cinéma (attention, les propos qui vont suivre peuvent choquer ceux qui considèrent que ce qui compte c’est la grâce et une morale, que la technique s’apprend en vingt minutes ou que si "on se débrouille à l'écrit, on peut réaliser son premier film..." ) :

"C’est ça le cinéma : la collision entre la technique, l’économie et l’esthétique. Vous pouvez avoir une vision, un rêve, mais il faut aussi pouvoir le réaliser."

"Il est de mon devoir de m’adapter. Un film est un processus synthétique, ce n’est pas la vision d’un seul homme."

"L’image contient en elle un contexte émotionnel impossible à transmettre par tous les story-boards du monde. Pour moi, le film idéal est un film où chaque image porte en elle son mouvement, son émotion, son impression. Où les deux tiers du film seraient compris par le public avant même que le premier dialogue ne soit prononcé. Un film qui n’aurait pas besoin de la parole."

"Je conçois le cinéma comme de l’opéra, les mots eux-mêmes n’ont aucune espèce d’importance, c’est la façon dont ils sont dits qui prime, de quoi ont l’air ceux qui les prononcent au moment où ils les prononcent. Les mots ne sont qu’un bruit, ce ne sont pas eux qui font avancer l’histoire."

Bruce Willis et John McTiernan
 

Mais surtout, la Fox aurait dû écouter l’avis de McTiernan sur le personnage le plus emblématique de sa filmo, John McClane, son évolution, comment il le perçoit… Mais non, faisons confiance à Len Wiseman pour Die Hard 4. Ainsi parlait McTiernan lorsque question lui fut posée sur Bruce Willis et sa crédibilité en tant que héros d’action après les modifications apportées à son image par les films de Shyamalan :

"…il suffit simplement de les prendre en compte, de les intégrer. Et cela nous permettra d’ailleurs de nous rapprocher de ce qu’est, originellement, le héros de Die Hard, quelqu’un qui aurait expérimenté et dépassé l’arrogance. Il faudrait aussi considérer son vieillissement, aller le dénicher dans une retraite récente pour une aventure supplémentaire, il y aurait des choses qu’il ne serait plus capable de faire, etc."

 

Bordel, il est vraiment plus que temps qu’il reprenne une caméra ! 




   

Vous n'avez pas les droit pour commenter cet article.

RoboCom.

Informations supplémentaires