Meneuse de revue #19

Muselée haut, muselée bas

J'aime les artistes...
Un mois et demi est passé depuis la dernière meneuse de revue ! Son attente fut longue, angoissante, infinie et insupportable. Sa lecture sera exactement pareille.


UN DESERT DU REEL
L'an dernier Rafik Djoumi pointait du doigt la guerre des images que lancent les multinationales à l'encontre des citoyens lambda et des artistes. Partant du cas Redacted de Brian De Palma, il s'interrogeait : "Comment un film (ou même un documentaire) peut-il espérer articuler un discours contemporain sur le sens de l’image, lorsque le moindre bout de photographie ou de vidéo se trouve bloqué sous un amas inextricable de copyrights, droits à l’image, droits de réutilisation, droits d’auteur et autres subtilités virtuelles que seuls une quinzaine d’avocats sur Terre semblent connaître ? Pourquoi un film ne s’autoriserait-il pas à utiliser une photographie qui a déjà probablement fait le tour de 30 000 blogs et qui a été peut-être vue par des centaines de milliers de personnes ? Comment en est-on arrivé à un point où la loi elle-même prescrit qu’un cinéaste ne peut pas donner à voir librement ce que les gens dans la société voient déjà ?"

Drôle d'époque où les puissants font valoir tous les droits et lois du monde pour garder le contrôle de quelque chose d'aussi intangible qu'une image. Et cela ne fait que commencer puisque les photos touristiques seront probablement bientôt interdites. Peut-être pour combler un manque à gagner sur les cartes postales… Agoravox révèle ainsi qu'il est interdit de prendre en photo la Bibliothèque Nationale de France. Comme le souligne l'auteur de l'article, l'architecte des bâtiments, Dominique Perrault, devrait plutôt être fier de voir son œuvre reconnue au point de figurer sur les photos souvenirs des badauds et être objet de recherche par les étudiants. Mais apparemment Perrault fait partie de ces gens qui pensent que la reconnaissance d'un travail ou d'une œuvre passe par la mélodie du "bling bling", tel un Patrice Leconte s'étouffant devant le nombre d'internautes téléchargeant ses films avant leur sortie au lieu de se ravir qu'autant de gens soient pressés de les découvrir. C'est à se demander comment on peut susciter un tel intérêt chez le public lorsque l'on pense systématiquement à l'envers…

Si vous êtes un lecteur appliqué vous avez sans doute suivi le premier lien de l'article, puis êtes arrivés ici pour découvrir le court-métrage des frères Cuaron père & fils d'après The Shock Doctrine de Naomi Klein, projet réflexif de "contre-propagande" sur les effets de l'image au sein des populations. Il est du coup intéressant de noter qu'Alfonso Cuaron, décidément très engagé sur ces questions, avait participé au Sommet du Droit d'Auteur de Bruxelles en mai 2007. Conférence à découvrir en vidéo sur ce lien.

Et tandis que chaque jour qui passe voit émerger une société bridant ses citoyens dans leurs éventuels élans créatifs, la diffusion des films en France se portent de plus en plus mal grâce à nos sage politiques, merci pour elle.


SUR EGOUTE ?
Sur Ecoute DVD






























J'AIME LES ANARCHISTES
Des nouvelles du running gag le moins drôle du Web, à savoir l'HADOPI, sketch d'anthologie mené de main de maître par notre Sarah Palin nationale de France qu'on a, Christine Albanel. On ne sait par où commencer, chaque heure apportant son lot de propagandes d'un côté et d'articles déprimants de réalisme de l'autre.
Sur le site d'intoxication mis en place par le gouvernement jaimelesartistes.fr, qui peine à cacher et d'une l'incompétence de ses responsables et de deux le but réel de cet endoctrinement, Alain Corneau et Jean-Paul Salomé défendent le projet de loi en balançant des banalités vraies bien avant l'ADSL. Le réalisateur du Deuxième Souffle version fluo nous apprend donc que "les gens du cinéma galèrent pour monter des projets". Oui Alain, comme depuis toujours serait-on tenté de te répondre, mais un peu moins qu'avant a priori puisque le nombre de long-métrages produits en France augmente chaque année, notamment depuis l'arrivée de l'ADSL : de 134 en 1996 à 203 en 2006. Elle est où la galère du téléchargement là ? Par contre il oublie de signaler qu'en effet ils s'exportent moins, mais ça le Club des 13 y répondait très bien sans agiter le spectre du P2P. Corneau ajoute que sans réglementation d'Internet (sic), "c'est un chômage évident d'ici deux ans". Rappelons pour info qu'il y a déjà deux ans l'économiste Julien Clerc prévoyait 400 000 chômeurs de plus à cause de l'ADSL. On les attend toujours, tout comme on attend les calculs "qui ont été faits" selon Corneau. S'ils ont été effectués à partir des chiffres ramassés à la louche par les principaux intéressés, permettez-nous d'émettre des réserves. D'autant plus qu'Astrid Girardeau sur Ecrans.fr précise que "la plupart des rapports sérieux effectués sur le sujet concluent que le piratage ne nuit pas à la consommation légale de films et de disques. Au contraire, même", chiffres et étude sérieuse à l'appui.
Et Jean-Paul Salomé de nous montrer qu'il ne met pas d'humour seulement dans sa mise en scène, mais aussi dans sa vision très personnel du progrès : "A chaque fois qu'une nouvelle manière de regarder un film arrive, qu'elle ne détruise pas tout le reste, car sinon il n'y aura plus de films à regarder, en tous cas plus de films français". Alors celle-là, elle est grandiose, merci Jean-Paul. Donc pourquoi seul le cinéma français va mourir à cause des pirates chinois du FBI et du P2P nord-coréen et pas les autres, hein ? Non mais là faut nous dire maintenant si vous savez des choses qu'on sait pas. C'est pas drôle, on peut pas rire avec vous.
Remarquez, quand on voit que selon Le Figaro même lire du texte du le Net fait de nous des pirates, on commence à percevoir ce que notre droite veut faire du réseau…

Tandis que Jean-Paul et ses potes du gouvernement cherchent des chiffres pour nous expliquer la mort du cinéma français (ils peuvent chercher longtemps, et même remonter à des décennies sans ADSL ni DVD ni VOD s'ils veulent vraiment trouver), Radiohead prouve que les internautes ne sont pas tous des égorgeurs d'enfants, les consommateurs de DVD montrent qu'ils ont une âme et finalement, bien qu'ils l'aient tous téléchargé sur Internet l'empêchant de battre Titanic (bande de salauds ! Traîtres !), achètent l'édition de Bienvenue Chez Les Ch'tis au point de provoquer des ruptures de stock (damn you ADSL !), le complètement génial Weird Al Yancovic devient la preuve vivante qu'on peut survivre en incitant le public à télécharger ses chansons gratuitement tout en étant censuré, Annick Rivoire de Poptronics résume les réactions des artistes et internautes face à la propagande lobbyiste et gouvernementale, notamment jaimeslesartistes.info, qui précise que la différence entre les artistes et les majors n'est pas une légende urbaine, elle existe bel et bien.
Mais rassurez-vous, l'Etat commence à prendre la pleine mesure des possibilités du Net : le service d'information du gouvernement passe des petites annonces en vue de recruter des veilleurs chargés de rapporter les "informations diffusées dans les médias sur internet [Et uniquement sur internet] concernant l'action du Gouvernement." Hein ? Corée du Nord ? Mais non, France on vous a dit.

Face à tout ce fatras anxiogène, un peu de raison et de culture avec Etienne Wasmer, professeur d'économie à l'Université de Montréal :
"Replaçons donc le débat dans une optique historique. Tous les progrès technologiques majeurs se sont accompagnés de la remise en cause des pouvoirs traditionnels: l'Internet -et les possibilités qu'il offre- en constitue un nouvel exemple. De même, l'invention de l'imprimerie de Johannes Gutenberg a détruit le monopole de l'Eglise et ses moines copistes sur les textes et leur diffusion. Cela permit la diffusion de la Bible et l'essor du protestantisme, mettant fin à l'hégémonie de l'Eglise en Europe. Et pourtant, à l'époque, la reproduction d'oeuvres sur une large échelle restait très coûteuse, le transport des oeuvres imprimées prenait encore des semaines et se faisait au profit d'une élite ultra-restreinte. Par comparaison, l'émergence du Peer-to-Peer, permettant de diffuser toute oeuvre numérisée gratuitement, quasi-instantanément et quelle que soit la distance, à un milliard d'êtres humains connectés, ne peut pas ne pas conduire à un bouleversement majeur du mode de gestion de la culture.
Une fois posée cette perspective historique, on voit bien l'inanité de raisonner en termes légaux sur la base de la situation pré-Internet. A cet égard, l'arrière-gardisme n'est pas nouveau : on sait qu'après l'invention de Gutenberg, la République de Venise tenta par décret d'attribuer le monopole de l'impression des livres à l'imprimeur allemand Johannes von Speyer. Autre ironie, Gutenberg mourut ruiné à la suite d'un procès fait par les fabricants de presse à raisin pour le vol de l'idée de vis sans fin
."

[Retrouvez notre dossier sur le téléchargement et le projet HADOPI]


11 : YOU WILL DO MASHUP AND SAY FUCK TO COPYRIGHT




LE RETOUR DE LA A-TEAM
"Premier film de l'ancien journaliste de Mad Movies et de Positif, Yannick Dahan, en temps que metteur en scène, La Horde, actuellement en tournage dans le nord de la capitale, se dévoile aujourd'hui via un petit dessin extrait du story board. […]Pour mémoire, La Horde a été co-scénarisé par Stéphane Moissakis et Arnaud Bordas."
Pierre Delorme - Films Actu
La Horde



30 ROCK : ADRESSE INCONNUE
"Qui a dit que les Français ne savaient pas écrire de série TV ?" est l'accroche de Putain de Série, une fiction diffusée pour le moment sur l'Interweb et probablement sur un network du PAF sous peu. Rappelant par son postulat le roman Saga de Tonino Benacquista, Putain de Série propose de suivre le quotidien de quatre scénaristes devant s'acquitter de l'écriture d'un genre de série que TF1 produit par palettes entières. Les épisodes sont dynamiques et délivrent leur lot de punchlines qui font mouches, mais on est tout de même amené à regretter le format shortcom, les auteurs confirmant ainsi que les français ne savent pas (ou ne veulent pas) écrire de série TV : ces joyeux trublions se contentant d'enchaîner des gags les uns après les autres durant cinq minutes, se débarrassant de ce travail ingrat qui consiste à pondre 40 pages de trame ponctuée par des gags que l'on nomme "scénario". Quitte à jouer sur notre retard en la matière, autant l'assumer à fond comme les québécois tarés du Cœur A Ses Raisons.


ÇA VOUS ETONNE MARILOU BERRY COMPLETEMENT OUT ?
Très souvent le chroniqueur cinéma passe pudiquement sous silence les déroutantes prestations de la progéniture des stars du grand écran dont le talent seul a bien du mal à expliquer l'évolution exponentielle de leur carrière. Mais des fois, quand même, il est en droit de se poser des questions : comme par exemple lorsqu'une Marilou Berry ayant déjà démontré un fort joli potentiel dans la performance crispante prouve qu'il est absolument possible de mal jouer même sur une affiche. Chapeau l'artiste.
Affiche Vilaine







































ZOMBIES NATION
Intéressante analyse du site io9 qui recense les films de zombies par année afin de corréler les hausses de production du genre avec les évènements historiques et remous sociaux. Et vous avez encore des professeurs de cinéma et producteurs français qui ne "comprennent pas l'utilité de ces films" (faut dire que la plupart du temps ils ne comprennent pas non plus l'utilité du public dans les salles obscures).
Zombies Walk



PRENDS L'OSEILLE ET TITRE-TOI
L'ouvreuse est fière de voir que finalement elle influe peut-être. Sur Facebook des petits galopins viennent de créer le Titrothon pour venir en aide à nos auteurs, car comme ils le précisent : "les titres de films français ressemblent de plus en plus à des fins de messages sur répondeur téléphoniques." Ce n'est pas nous qui allons dire le contraire, d'autant qu'en septembre 64 nous proposions déjà d'aider nos amis distributeurs.


8€50




AMER BETON
Dans le n° 573 de Positif, Michel Ciment se demande pourquoi des films comme L’Echange, Two Lovers ou My Magic repartent brocouille de Cannes. C'est, selon lui, à cause du "triomphe du réel-caméra", soit le cinéma cam épaule avec gigotement qui fait réalité de la vraie vie du social pour public de festival. De la "mimétique d’en-bas" résume l'auteur. Ce qui explique les victoires ces dernières années de Fahrenheit 9/11, L’Enfant, Le Vent Se Lève, 4 Mois, 3 Semaines et 2 Jours, Entre Les Murs.
"A chaque fois, les oubliés du palmarès proposaient un système formel d’une rare cohérence loin de tout effet documentaire : In The Mood For Love (face à Fahrenheit 9/11), Three Times ou History Of Violence (face à L’Enfant), Les Climats et Marie-Antoinette (face au Vent Se Lève), No Country For Old Men (face à 4 Mois, 3 Semaines et 2 Jours), L’Echange (face à Entre Les Murs). […] Il est bon de s’interroger sur cette tendance lourde d’aujourd’hui qui fait qu’une œuvre aussi magistrale que L’Echange, dont le contenu social et politique est pourtant évident, semble souffrir auprès d’un jury du raffinement de sa forme…".
Il faut dire qu'une caméra qui gigote est bien plus facile à remarquer que la précision d'une mise en scène académique pour un public de spécialistes qui depuis longtemps ne regarde plus ce qu'il y a dans le cadre mais autour.


LOLA RENNT, IL EST TARD




LA REDAC QUI BALANCE PAS, MAIS QUI INFORME
"Pour expliquer le succès de Mamma Mia!, je suggère que la position très christique de Meryl Streep sur l'affiche ait pu jouer son rôle." - Macfly, samedi 25 octobre 2008, 20h45

Affiche Mamma Mia!




























LE SOUTIEN INESPERE
"Au niveau des jambes, ça fait plus croix gammée qu'autre chose." – Vendetta, juste après, le temps d'enfiler sa cape.


LA DISCUSSION QU'ON REGRETTE DE RELANCER
"Dans le genre signes religieux subliminaux, on ne fera jamais mieux que l'affiche de Pearl Harbor ! " - Macfly

Affiche Pearl Harbor



























" 'Un dimanche matin', en plus." - Macfly

" 'Ben Affleck' surtout." – nicco


LA PREUVE QUE DES FOIS ON EST SYMPA
"Bonjour l'ouvreuse ! Certes vous n'êtes peut-être pas influents, mais dans le doute on ne sais jamais... La boîte de production dans laquelle je bosse, Magali Films, organise du 1er Novembre 2008 au 1er Janvier 2009, un concours de scénario ouvert à tous. Ce concours a pour but la création d’une série de deux minutes mettant en scène de un à cinq personnages récurrents. Le gagnant du concours, qui sera désigné par un jury de professionnels, réalisera les cinq premiers épisodes de la série. Vous trouverez plus de détails sur : http://concours.magalifilms.com.
Je sais pas si ça vous intéresse d'en parler sur votre site, je sais pas, dans votre revue de presse par exemple, mais au pire merci de relayer l'information à tous vos amis et contacts, ça sera toujours ça de pris ! Merci beaucoup et bonne continuation pour le site, c'est toujours un plaisir de vous lire.
"


SAW.
III































CHUTIER
- Le grand Gaston Lagaffe est adapté en série animée ! Prions pour que ce ne soit pas au niveau de Fais Gaffe à Lagaffe…

- A la lecture de la correspondance entre Judd Apatow et Mark Brazill (créateur de That's 70 Show) en 2001, on comprend mieux pouquoi l'un fait des trucs drôles, et l'autre moins.

- Cali ne fait que pas traiter ses fans de voleurs, il joue aussi dans des films de merde. Hélas, pour un bon budget de neuf millions d'euros, Magique ! ne rapporte que 76759 entrées France. Quel malheur ces internautes, qui non seulement téléchargent mais en plus ne vont même pas voir les mauvais films en salle… Odieux.


TRUE



   

Vous n'avez pas les droit pour commenter cet article.

RoboCom.

Informations supplémentaires