Dérushage #2

Darwin Award

NRJ Cine Awards
Lundi dernier se sont déroulés les indispensables NRJ Ciné Awards 2007, la cérémonie qui permet à ceux qui ont des mauvais goûts musicaux de montrer qu'ils ont aussi des mauvais goûts cinématographiques.

On ne va pas discuter les résultats, qui sont ce qu'ils sont, mais plutôt les énoncés des catégories de ces awards. Attention, c'est du lourd :

- Meilleur look : comprendre "maquillage".
- Meilleur film qui fait rire : comprendre "comédie".
- Meilleur  d'jeuns qui débute : comprendre "espoir".
- Meilleur avec la voix de : comprendre qu'ils se foutent vraiment de la gueule des jeunes.

S'adresser aux ados, donner la parole au public, ok, c'est bien (puis ça fait une étude de marché à moindre frais). Mais il est vraiment nécessaire de leur parler comme à des gamins analphabètes ? Peut-être que c'est tout ce que le public inspire aux responsables de ce non-évènement.
"Meilleur avec la voix de", c'est magnifique. Un pas de plus vers le novlangue. Bouge pas George, on arrive, on sera même là pour l'apéro à ce rythme.

Ha, j'ai failli oublié le plus important : Award d'honneur pour Luc Besson.
Pardon : Award du meilleur qu'il a fait plein de films trop chanmé tavu : Luc Besson.


Bande décimée

Restons dans la non-culture : la nouvelle BD de Laurent Gerra est sortie. Contaminer Lucky Luke avec ses trois blagues beaufs recyclées à l'infini ne lui suffisait pas, maintenant il crée sa propre série, dans le but de nous dire à quel point les gens à la télé sont bêtes et méchants. Les zenvahisseurs que ça s'appelle. Le scénario est affligeant de facilité (oui comme le titre me direz-vous), le discours totalement immature - j'ai dû écrire 28 scénars comme ça en quatrième pendant les cours de géo. Gerra tire sur tout ce qu'il ne peut pas blairer avec la finesse d'une grosse Bertha. Pour assaisonner le tout, c'est évidemment garni d'homophobie (Marc-Olivier Fogiel a du rimel : rires) et de xénophobie (Roger Hanin est un "pitre de Bab el Oued" : rires).
Et c'est moche, mais vraiment très très moche. On arrive tout de même à distinguer les héros sauveurs de la planète : Johnny Halliday et Eddy Mitchell.
Si, souvenez-vous, Johnny, le sauveur mythologique français qui vit en Suisse.


La critique qui vient de découvrir l'intérêt du cinéma
"Même si c'est rocambolesque, ça va vraiment très très vite. Et on a le droit de faire semblant d'y croire. "
Florence Ben Sadoun – Elle - Critique de La Vengeance Dans la Peau

Ha bon ? C'est par pour de vrai le cinéma ?


La critique qui comprend l'action au cinéma
Dans ma compilation d'horreurs sur le traitement du dernier Die Hard, j'ai omis le passif d'une esthète :

"Die Hard 4 est une réussite, à tous points de vue, autant scénaristique que dans la réalisation."
Emmanuèle Frois - Le Figaroscope

La même, quatre ans plus tôt, à propos de Nid de Guêpes :

"Scénario mince comme un papier à cigarette, dialogues ridicules ou inexistants, armes à feu de tous calibres pour tuerie générale. Un nanar français à la sauce américaine, plein de clichés et de douilles."
Emmanuèle Frois - Le Figaroscope

Nid de Guêpes
quand même. Un des meilleurs films français du genre de la décennie, dont le réalisateur fut engagé par Hollywood dans la foulée. Mais qu'est-ce qu'ils y connaissent eux aussi, d'abord ?
Puisque mademoiselle Frois trouve le "scénario mince", ce n'est donc pas une merveille de mécanique scénaristique (co-écrite avec Jean-François Tarnowski, qui adorait les scénarios minces...), mettant en place avec clarté une dizaine d'éléments amenés à créer une vraie tension. Ben non, c'est trop limpide, ça semble trop "simple", et le gratte papier de base n'aime pas.

Par contre il aime bien l'argument marronnier "dialogues […] inexistants", surtout quand il ne sait quoi dire de la mise en scène. D'ailleurs, pris d'assaut par 247 tchétchènes armés d'automatiques, vous balanceriez des vannes, vous ?
Et rappelons à l'occasion que c'est du cinéma, pas de la radio.

"Armes à feu de tous calibres pour tuerie générale" : Tiens, un autre classique du critique inutile : Servons-nous de la note d'intention du film pour argumenter contre lui !
Ou comment affirmer qu'on juge un genre que l'on méprise plutôt que le film qui en fait partie.

Attendez que ce genre connaisse un regain d'intérêt chez les rédacteurs influents, et hop : Die Hard 4 = chef-d'œuvre.
C'est facile d'être critique de cinéma.


Odieux visuel
Je voudrais rendre un vibrant hommage aux graphistes responsables des visuels de promotion de L'Invité, dont l'affreux titre rouge sur fond blanc insipide s'inscrit dans la longue et glorieuse histoire des affiches de comédies françaises pour daltoniens :

Les gens drôles aiment le rouge qui tâche



L'aveu
Durant le premier mois d'activité du présent site, la plupart des retours favorables citaient l'analyse de Jaws par Macfly (qui depuis ne s'en est pas remis). Et c'est vrai qu'il est sympa ce papier. D'ailleurs il m'aurait été très pratique bien des fois.
Comme par exemple lors de cette soirée où j'ai discuté une heure avec un gars, un étudiant, artiste et plein d'idéaux. Je ne sais trop comment, on en est venus à discuter de Spielberg. Il me soutenait que c'était mauvais, commercial, etc. Je défendais plutôt l'inverse, essayant d'étayer mon propos avec un exemple connu : Les Dents de la Mer. J'ai longuement tenté de démontrer les qualités de la réalisation, du montage, de l'aspect expérimental de la façon de mettre en image certaines séquences, le tout en arguant qu'un simple requin en plastique ne suffit pas à rendre phobique à l'eau une planète entière tout un été. Bref, j'essayais de différentes manières de lui montrer l'intérêt cinématographique réel de Spielberg, au-delà de l'aspect financier.
Et au bout d'une heure, alors qu'il en avait marre de donner des coups de pied dans le mur tant ses arguments étaient faibles et niais, il avoua : "Roh ! C'est Bon ! Je n'ai vu aucun Spielberg de toutes façons".

Une heure.
A parler dans le vide.
60 minutes.

Donc dorénavant, dès qu'un bobo me balance son prêt-à-penser de rebelle pré-pubère, je lui envoie le lien de l'article, épargnant ainsi mes cordes vocales et mes moments de détente.
Merci l'ouvreuse.


Un article par jour pendant deux semaines, ça se paie
L'ouverte

Œuvre de Puky Brewster.


La blogostratosphère (la sphère des blogs qui volent haut)
Enfin, il était nécessaire de signaler l'ouverture du blog de Rafik Djoumi. Pour les troglodytes qui ne connaissent pas le monsieur, sachez que c'est juste l'un des meilleurs journalistes cinéma de l'hexagone. A lire d'urgence et à faire tourner.




   

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RoboCom.

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