Les Dents De La Mer
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- Analyse par Sébastien Le Gallo le 18 août 2007
Cinema is a beach
Je ne sais plus très bien où ni quand, Patricia Hitchcock (fille d'Alfred) déclarait que la fameuse scène des Dents De La Mer dans laquelle le shérif Brody surveille la plage à l'affût d'une attaque de requin était le plus bel hommage qu'on ait pu faire au maître du suspense.
Dans cette scène qui traumatisera plusieurs générations de vacanciers, le héros garde donc une plage qu'il sait menacée par le squale. Un peu plus tôt, nous l'avons vu aux prises avec le maire d'Amityville, défavorable à la fermeture des plages, et ce uniquement pour des raisons économiques. Celui-ci lui a ordonné de ne pas prévenir la population et de faire comme si il ne s'était rien passé. C'est ce qui va bloquer Brody sur sa chaise et l'empêcher d'agir, le transformant comme de nombreux personnages hitchcockiens en spectateur impuissant.
Le but de cette analyse est de recenser les points communs entre cette séquence et certaines des scènes les plus marquantes de la filmographie d'Alfred Hitchcock. Il ne s'agira pas de montrer que Steven Spielberg lui a tout chouravé, mais qu'au contraire, à l'instar de Brian De Palma, qu'il s'est inspiré du maître du suspense pour confronter ses idées aux siennes et ainsi créer son propre style.
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Plan 1 : Une grosse dame va se baigner. Elle croise un enfant au maillot rouge, celui-là même qui se fera tuer par le requin à la fin de la scène. L'enfant demande à sa mère si il peut prendre son matelas pour jouer dans l'eau. Elle lui accorde. La caméra suit l'enfant et on tombe sur Brody au premier plan, soucieux, regardant la mer, pendant qu'au second plan, des plagistes insouciants discutent. Nous baignons en pleine ironie dramatique : personnage et spectateur sont les seuls à détenir un secret que les autres personnages ignorent complètement : le requin peut attaquer à tout moment. Le suspense nait de cette avance du spectateur sur les personnages. |
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Plan 2 : Raccord regard. On se met à la place du shérif et on voit ce qu'il voit : La grosse dame est dans l'eau. Sur la plage, un adolescent joue avec son chien. |
 | Plan 3 : PRP (plan rapproché poitrine) de l'adolescent qui jette un bout de bois. Ce plan, pas forcément utile à la naration, rend le montage plus nerveux. On perd aussi le point de vue de Brody. Si la scène est principalement filmée selon le point de vue du shérif (alternance quasi-systématique de plans rapprochés sur Brody et de plans subjectifs), Spielberg s'autorise quelques écarts à la règle Hitchcockienne qui veut qu'on ne s'écarte jamais (tant que possible) du point de vue du personnage principal de la scène. |
Plan 4 : Caméra à ras de l'eau. Le chien plonge et va chercher le bâton. On peut également voir un couple s'embrasser dans l'eau, qui servira un peu plus tard... | |
Plan 5 : Plan sur la mère du petit garçon qui regarde son enfant... | |
Plan 6 : Raccord regard : l'enfant flotte sur son matelas. Il s'agit du point de vue de la mère, et non de Brody. Du plan 6 jusqu'au plan 11, nous pouvons voir un enchaînement de plans sans point de vue, des plans omniscients, sur quelques-unes les victimes potentielles qui évoluent dans le champ de vision de Brody. | |
 | Plan 7 : Le chien barbote, le bout de bois dans la mâchoire. |
 | Plan 8 : La grosse dame est allongée dans l'eau |
 | Plan 9 : L'enfant une nouvelle fois. |
 | Plan 10 : La caméra est parallèle à la plage. On voit l'ado qui essaye de prendre le bout de bois des mâchoires du chien, revenu sur la terre ferme. |
 | Plan 11 : Le chien court (vu de la mer) |
Plan 12 : Plan sur Brody, qu'on avait abandonné depuis le plan 1. Il est cadré à droite de l'écran. Un passant marche devant la caméra, et fait volet pour passer au plan suivant | |
Plan 13 : Raccord dans l'axe. | |
Plan 14 : 2ème Raccord dans l'axe, de nouveau grâce à un passant (Il y aura à présent des volets de ce type jusqu'au plan 20). On est maintenant en Gros Plan sur Brody. Le double raccord dans l'axe est un renvoi aux Oiseaux (Hitchcock utilisait cet effet de montage sur un homme aux yeux arrachés) que Spielberg avait déjà fait dans Duel. L'effet, renforcé par les passants, a pour but de retranscrire la nervosité du personnage. | |
Plan 15 : Raccord regard : la grosse dame est au milieu de l'eau, Ã la merci du requin. | |
Plan 16 : Plan large de Brody, toujours à droite de l'écran. On remarquera que sauf rare exception (le plan 10), Spielberg respecte à la lettre la règle des 180° et pose sa caméra toujours du même côté de la plage. Ce qui implique que Brody regarde systématiquement dans la même direction (à gauche de l'écran). | |
Plan 17 : Un passant sert là encore de volet pour le passage à ce plan. Il s'agit du point de vue de Brody. Derrière la grosse dame, une forme avance. |
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Plan 18 : Idem plan 16. Brody s'avance pour mieux voir. Il pense que la forme est le requin. Bloqué sur son fauteuil, impuissant et muet, Brody semble être l'image même du spectateur en train de regarder un film. Il passe tout le temps de la scène à observer, tel Cary Grant dans la scène du désert de La Mort Aux Trousses, ou James Stewart dans Fenêtre Sur Cour. Tous les personnages qui évoluent dans l'eau rappellent les voisins de James Stewart. Comme lui, Brody guette l'événement. Et il ne se passe strictement rien (3 minutes sur des gens qui nagent), mais on attend que l'horreur surgisse du néant (comme l'avion ou le voisin meurtrier). Le personnage-spectateur et le spectateur ne font rien d'autre que regarder. Bref, Spielberg a transformé la plage en salle de cinéma. En plus de cela, Brody assiste là à un authentique suspense : il voit un danger que la grosse dame ne voit pas. Il est en avance sur elle. | |
Plan 19 : Idem plan 17. Fausse alerte ! La forme était en réalité un vieil homme en train de nager. Le petit suspense est désamorcé. Il s'agit de suspense gratuit, dont le rôle est double : Montrer clairement ce que le shérif Brody redoute par-dessus tout, et par conséquent faire monter la tension. | |
Plan 20 : Brody baisse la tête, dépité. J'irais même jusqu'à dire déçu. Quoi de plus horrible qu'un suspense qui n'aboutit sur rien ? En tant que spectateurs, Brody et nous sommes en droit d'attendre un peu plus que ça ! Il s'agit d'un sentiment ambivalent et paradoxal : Le voyeuriste attend que quelque chose se passe, que la catastrophe tombe, mais, dans le même temps, la redoute...  |
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Plan 21 : Un homme vient voir Brody, se poste devant lui, et lui parle. Cela n'intéresse pas du tout Brody, obsédé par la plage.  |
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Plan 22 : Brody est caché par l'homme. Il regarde par-dessus son épaule. | |
Plan 23 : Point de vue de Brody au split-focus (effet optique permettant d'avoir deux zones de net dans une même image, régulièrement et essentiellement utilisé comme signature par Brian De Palma). Au premier plan, à droite, l'homme qui parle de tout et de rien, et au dernier plan, à gauche, une fille qui crie, qui renvoie évidemment à la première scène du film. Notons que c'est la grande spécialité de Spielberg d'additionner les éléments dans un même plan, d'optimiser son cadre pour donner plusieurs informations en même temps. Il arrive même souvent que plusieurs dialogues s'entremêlent. De plus, on se moque éperdument de ce que raconte le personnage. Dans cette scène, Spielberg considère les dialogues comme inutile.  |
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Plan 24 : Plan typiquement Spielbergien (première période) : Brody se lève, faisant une brusque entrée de champ en gros plan. L'échelle de plan est beaucoup plus serrée que pour la première fausse alerte (plan 18), et la réaction de Brody plus vive. | |
Plan 25 : PDV Brody. La fille sort de l'eau tout sourire, sur les épaules de son ami. De nouveau, il s'agit d'une fausse alerte, qui fait encore un peu plus monter la tension. |
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Plan 26 : Idem plan 1. Brody se rassoit, pas très en forme. L'homme termine son monologue, rappelé par sa femme (située dans le fond de l'image). Celle de Brody s'avance vers lui, et lui demande si il va bien. Le dialogue se poursuit pendant qu'au second plan, tout un groupe d'enfants se lève et va à la mer. |
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Plan 27 : Point de vue de Brody : Les enfants se jettent à l'eau. On peut voir, au fond, l'enfant au maillot rouge sur son matelas. | |
Plan 28 : A nouveau, plan sur Brody. Le petit vieux qu'on avait pris pour le requin tout à l'heure s'assoit devant lui et lui parle. Le pauvre Brody n'a visiblement pas envie de l'entendre. |
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Plan 29 : Brody est en amorce au premier plan. Le petit vieux parle dans le vide au deuxième et le groupe d'enfants joue dans l'eau au troisième. Les enfants renvoient bien évidemment à Hitchcock : Spielberg a simplement remplacé l'école des Oiseaux par une plage et les corbeaux par un requin. |
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Plan 30 : Idem plan 29. Brody, excédé, se moque du Bonnet de Harry et se décale sur la droite. Le vieil homme s'en va. | |
Plan 31 : Les deux fils de Brody courent vers la mer. |
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Plan 32 : La femme de Brody vient derrière lui pour le masser. On remarque que les plans sur Brody sont plus éloignés, et ce juste avant la véritable attaque. Spieblerg et son monteur effectuent un simple contraste de valeurs de plans. Plus on est loin du personnage, plus le gros plan qui suivra sera puissant. Ca ne paye pas de mine, mais c'est extrêmement efficace. | |
Plan 33 : Point de vue de Brody : Les enfants jouent dans l'eau. | |
Plan 34 à 39 : Voici une série de plans très rapides sur des enfants qui s'éclaboussent. Le montage vise à stresser le spectateur. Pour la deuxième fois, Spielberg quitte le point de vue de Brody pour ajouter de la tension au montage. On perd donc le point de vue unique et élémentaire. C'est la rupture de la règle du point de vue unique instaurée par Hitchcock. Spielberg choisit de quitter Brody pour les secondes précédant la mort de l'enfant de manière à accroître la tension via le montage, ce qui le démarque foncièrement d'Hitchcock. |
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Plan 40 : Le cadet de la famille Brody est en train de faire des pâtés de sables en chantant au premier plan, tandis que l'adolescent appelle son chien qui semble avoir disparu... La disparition potentielle du chien est un signe annonciateur de la tragédie. Ce signe est d'autant plus efficace qu'il contraste avec l'image d'innocence absolue véhiculée par le petit garçon. | |
Plan 41 : Un plan rapproché sur fond de mer vient nous montrer que l'adolescent commence vraiment à s'inquiéter de l'absence de son chien. |
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Plan 42 : Le bout de bois flotte sur l'eau signifie la mort du chien. Cette information qui nous est délivrée à nous uniquement montre bien qu'il y a quelque chose qui commence à ne plus tourner rond. La caméra devient omnisciente et nous montre ce que les personnages ne peuvent pas voir (même Brody). Le signe annonciateur, introduit dans le plan 40, se confirme. Tout est normal pendant la scène, jusqu'à ce qu'une chose dérape, qu'un élément disparaisse ou que quelque chose n'ai rien à faire là . Bref, qu'un élément fasse légèrement tâche sur le beau tableau. Légèrement parce que il ne faut pas que ce soit trop évident. A ce moment là , rien ne prouve que le requin a mangé le chien (d'ailleurs nous ne saurons rien de plus sur son sort). Dans La Mort Aux Trousses, le signe annonciateur était un avion au milieu du désert. Dans Les Dents De La Mer ce sera la disparition d'un chien. A partir de là , l'attaque peut commencer. | |
Plan 43 : Et voilà le fameux plan subjectif du requin accompagnée de la non moins fameuse musique qui annonce le danger. On aura noté l'absence de musique pendant toute la scène, ce qui est malheureusement assez rare chez Spielberg, John Williams ayant une tendance naturelle à l'omniprésence symphonique. Cela donne une certaine pureté à la scène, une brutalité qui renforce son réalisme. La caméra s'avance vers l'enfant sur le matelas. Le spectateur, mis à la place du requin est le tueur. Il est pris en étau entre l'envie de voir l'horreur et l'envie de ne pas la voir. Le plan subjectif du meurtrier est encore un dérivé d'Hitchcock (Le point de vue des oiseaux au dessus de Bodega Bay juste avant l'attaque de la ville par exemple). Comme le plan sur l'oiseau qu'Hitchcock a ajouté (pour la compréhension plus que pour le suspense) sur la première attaque sur Mélanie Daniels dans son bateau ou comme la mère Bates qu'on voit arriver dans la salle de bain avant que Marion Crane ne la voie dans Psychose, on voit ici le danger arriver avant tous les personnages. C'est ce qui crée le suspense. |
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Plan 44 : L'enfant est happé, au milieu des autres enfants qui ne se doutent de rien. L'horreur surgit au milieu de l'innocence.  |
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Plan 45 : Les plagistes ont remarqué que l'enfant avait disparu. La mère de cet enfant est au milieu. |
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Plan 46 : Point de vue des plagistes : au milieu d'un bouillonnement de sang et d'eau de mer, on distingue l'enfant. Spielberg reste assez loin de l'action pour garder une focale réaliste (proche de l'œil humain). | |
Plan 47 : Plan sous l'eau de l'enfant au milieu de son sang. Il semble que ce soit le point de vue du requin. | |
Plan 48 : Travelling compensé (un travelling avant associé à un zoom arrière) de Brody, avec sa femme derrière lui. Il s'agit d'une référence évidente à Sueurs Froides. Cet effet servait à reproduire l'impression de vertige physique (c'était la vision de Scottie), et à évoquer le vertige de l'esprit, la perte de repère. Ici, Spielberg ne montre plus la vision du personnage, mais le personnage lui-même autour duquel le décor se déforme et se tord, comme dans le fameux tableau de Munch. Notons que le plan est d'autant plus puissant qu'on retrouve le point de vue de Brody qu'on avait quitté depuis le plan 32. |
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Plan 49 : Point de vue de Brody : Les enfants paniquent. | |
Plan 50 : Panoramique. Les parents debout sur le sable. Brody arrive en courrant. Les parents foncent dans l'eau chercher leurs enfants. Brody ordonne à tout le monde de sortir de l'eau. | |
Plan 51 : La mère du petit garçon, qui semble ne s'être encore rendue compte de rien, se lève. | |
Plan 52 : Plan à la longue focale de Brody qui s'évertue à hurler aux gens de sortir de l'eau. On remarque que Brody, même dans un cas aussi extrême, ne met pas un pied dans l'eau. On apprendra un peu plus tard qu'il a la phobie de l'eau. Le personnage de Brody semble ici se montrer un peu plus sombre qu'il n'y parait. Ce qui pourrait donner encore du fil à retordre à ceux qui veulent voir dans le Spielberg des premiers temps un optimiste humaniste un peu neuneu. | |
Plan 53 : Contrechamp. La séquence de plans montrant la panique des baigneurs (plan 53 à 58) est calquée sur celle des enfants attaqués en sortant de l'école dans Les Oiseaux. La différence notable est qu'ici, on ne voit pas l'ennemi. Il ne s'agit pas de fuir le requin (puisqu'on ne sait pas ou il se trouve), mais de sortir de la mer. Dans Les Dents De La Mer, le monstre c'est la mer. Si la fin des Oiseaux remplaçait les oiseaux par la maison, le début des Dents De La Mer remplace le requin par la mer.  |
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Plan 54 : Un homme prend sa fille dans ses bras. |
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Plan 55 : La femme de Brody ramène son fils. Elle est à l'eau, contrairement à son mari. | |
Plan 56 : Le petit frère l'appelle. | |
Plan 57 : Deux enfants en traînent un troisième. | |
Plan 58 : Tout le monde regagne la terre ferme. | |
Plan 59 : En retard, la mère de l'enfant va vers la mer. Elle cherche son fils, puis regarde à ses pieds... | |
Plan 60 : Raccord regard : le matelas déchiqueté et plein de sang est poussé par les vagues. Ici encore, tout comme pour le bout de bois flottant signifiant la mort du chien ou comme pour les deux notes signifiant l'arrivée du requin, Spielberg n'a besoin de montrer qu'une partie pour faire comprendre le tout. Bref, il fait travailler l'imagination du spectateur, il le force à participer.  |
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Enfin, deux petites choses à noter :
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Un peu plus tard dans le film, on assiste à une deuxième scène de plage, qui ressemble beaucoup à celle-ci. En réalité, il s'agit d'une sorte de mauvais remake de la première. Une suite Bigger & Louder : plus de baigneurs, plus de gardes, plus de moyens. Mais la caméra ne prend pas de point de vue particulier et on n'entend pas la musique quand l'aileron du requin apparaît. Jusqu'au moment ou on apprend que l'aileron n'appartenait pas au requin mais à deux enfants qui avaient décidé de faire un canular. La scène était une fausse piste destinée à dissimuler le vrai danger derrière le faux : Le prédateur est dans le petit bassin d'à côté, prêt à avaler le fils du shérif. Ce n'est donc pas du côté de la grosse production qu'il fallait chercher mais du côté des petits moyens (petit bassin, pas de gardes, pas de baigneurs).
La scène de l'attaque du petit garçon n'est pas la seule fois dans le film ou Brody est posé comme personnage-spectateur. Dans cette scène comme dans celle de la mort de l'enfant, Brody est le relais du spectateur. Il est son représentant. Il est l'homme normal face à une situation anormale. La longue comparaison de cicatrices entre Hooper et Quint reléguant Brody à l'écart car ce dernier n'a pas (ou presque pas) de cicatrices l'approuve : peu rompu à l'univers bourru des marins, on sent le shérif mal à l'aise, pas dans son élément, effacé. On sent qu'il se force à rire ou à chanter quand il faut et pose les questions bêtes pour le spectateur ("Qu'est-ce qui s'est passé sur l'indianapolis ?"). Traduction à l'image : pendant une bonne partie de la scène, Quint et Hooper sont tous les deux dans le même plan, bien éclairés, tandis que Brody est tout seul dans le cadre, habillé en noir et sous-exposé, aussi invisible qu'un spectateur dans une salle de cinéma.
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Réalisateur : Steven Spielberg
Scénario : Peter Benchley & Carl Gottlieb
Production : David Brown & Richard D. Zanuck
Photo : Bill Butler
Montage : Verna Fields
Bande originale : John Williams
Origine : USA
Durée : 2h04
Sortie française : 1er janvier 1975
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