Doctor Who 2009
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- Série TV par Guénaël Eveno le 7 avril 2010
The song is ending
Le 1er janvier dernier, douze millions d’Anglais étaient scotchés à leur télévision pour suivre le final tant annoncé du dixième Docteur, une vraie fierté nationale. Et il y a de quoi en être fier.
Annoncé depuis près de deux ans, le départ de Russell T. Davies du show qu’il a su brillamment relancer a été orchestré minutieusement. Le showrunner profitait déjà de sa saison 4 pour réunir tous les personnages pivots de son ère sur la série et les spin off qu’il a initiés (Torchwood & Sarah Jane's Adventures). Cette réunion de famille concluait la dernière vraie saison de Doctor Who avec l’équipe de production de 2005 car il était convenu que David Tennant consacrerait la saison suivante à d’autres projets, reprenant les clés Tardis le temps de cinq épisodes sur le format des Christmas Special.
Ces épisodes d’une heure mèneraient à la régénération de David Tennnant en Matt Smith, le onzième Docteur ainsi qu’au passage de relais à une nouvelle équipe : nouveau Doc, nouvelle compagne, nouveau logo (très Tardisien), nouveau Tardis, nouveau grand manitou et nouvelle équipe de production. Doctor Who conservera néanmoins en tant que showrunner Steven Moffat, scénariste d’une poignée d’épisode qui se révèlent être parmi les meilleurs du relaunch (dont le superbe Blink) et en tant que compositeur le génialissime Murray Gold, toujours flanqué du somptueux National Orchestra of Wales. Il faut donc s’attendre à un renouvellement qui, sans dépasser le bang de 2005 par rapport à son aîné, sera plutôt conséquent pour les nombreux qui ont découvert le Docteur par le biais de la version de 2005.
2009 fut une année très longue pour les aficionados du TimeLord. Dispersés inégalement, les téléfilms furent concentrés en fin d’année, ne laissant entre décembre 2008 et novembre 2009 qu’une seule aventure, au final anecdotique. De son coté, la BBC, qui diffuse la série, ne s’est pas privée de teaser les Britons en les aspergeant de bande annonces et d’infos sur l’aventure finale du dixième Doc autant que sur le nouveau qui attendait déjà en coulisse. Salivage et frustration, dosage habile qui fait le sel d’une bonne promotion, mais révélait ici des tendances purement sadiques qui n’auraient pas manqué d’être réprimées par l’antique proclamation des ombres. Mais avant la fin, il y a le chemin qui y mène, peuplé de nouvelles aventures délirantes dans le temps et l’espace. Des aventures hantées par un Docteur solitaire, poursuivi par le souvenir de ses anciens compagnons, qui passe par tous les états avant de se demander si il n’a pas finalement vécu trop longtemps.
DOCTORS WHO Vs. MECHACYBERMAN
Nous sommes en 1851 à Londres, mais nous sommes aussi le 25 décembre 2008 pour le premier de la série de Specials. Russell T. Davies met les petits plats dans les grands pour l'occasion car il a décidé de nous offrir deux Docteurs ! La nouvelle fait le tour de la galaxie et dès lors un nombre incroyable de suppositions naissent. Parmi lesquelles : David Morrissey sera-t-il le prochain Docteur ? La réponse est non (quel filou ce Davies), mais elle ne gâche pas le plaisir à voir cet excellent épisode de Noël dans lequel le Doc atterrit dans le Londres victorien lorsqu'il entend une jeune femme appeler son nom. Le Docteur vient en aide à la jeune Rosita, mais voilà qu'elle lui dit qu'elle attend un autre Docteur qui ressemble, lui, à David Morrissey.
Les Cybermen sont de retour du vortex dans lequel ils ont été envoyés à la suite de la bataille de Canary Warf (02.12 & 13), ce qui arrange Russell T. Davies car il les aime bien. Nos robonazis ont même trouvé une alliée en la personne de Miss Hartigan, une femme forte mais terriblement revancharde envers les hommes de la société patriarcale qui la tiennent en esclavage. Le nouveau Docteur est là pour enquêter sur différents meurtres liées à l'arrivée des Cybermen, dont celui de Jackson Lake, professeur d'Université dont le corps n'a pas été retrouvé et d'un révérend qui sera enterré le jour même.
The Next Doctor recèle des moments superbes, les meilleurs étant cet enterrement qui tourne au carnage, le récit du Docteur sur la vie de Jackson et l'érectiondu Cyberking, superbe mecha gigantesque qui domine la ville et entend tout bousiller sur son passage si le monde ne plie pas sous ses ordres. Aux commandes du mecha, la dame complice qui a su vaincre par sa seule force mentale sa propre mécanisation et garder ses sentiments humains intactes. Un final qui accentue encore les visées steampunk d'un épisode tourné vers les débuts de la Révolution Industrielle. Ce "nouvel âge industriel" prôné par la dame en rouge, et dans lequel elle fait bosser les enfants (!), se trouve symbolisé par la fusion parfaite de l'Homme et de la machine qui s'exerce lorsque le cerveau de la femme arrive à maîtriser la force des Cybermen.
Tout cela ne résout pas le mystère de cet étrange nouveau Docteur. Il souffre d'une amnésie liée à sa première rencontre avec les Cybermen, il porte un sonic screwdriver au sens propre du terme (un tournevis qui fait du bruit quand on le tape), il voyage dans un Tardis ballon dirigeable et a absolument le même comportement, la même gestuelle, les mêmes phrases que notre David Tennant. Davies s'amuse à explorer les différentes hypothèses qui nous seraient venues, notamment celle de la montre du Timelord qui pourrait contenir sa mémoire (03.08 & 09), mais la vérité est ailleurs. Ce type n'est tout simplement pas le Docteur. Il s'agit de Jackson Lake lui-même, qui s'est vu injecté la base de donnée des Cybermen sur le Docteur, ceci expliquant son identification absolue au TimeLord.
La femme de Jackson s'est faite tuer par les Cybermen, ce qui a déclenché en lui une fugue mentale facilitée par l'incorporation de la base de donnée des Cybermen. Une situation idéale pour métaphoriser l'éternelle fuite en avant du Docteur version Davies qui se conclut ici par un vœu de solitude. Comme Jackson a choisi l'identité du Docteur pour échapper à son trauma et oublier tout ce qu'il a perdu, le Docteur ne cesse d'aller de l'avant pour oublier les compagnons laissés derrière. Il y a une forme de connivence entre Jackson et le Docteur qui tient ainsi plus de l’empathie que la mécanique assimilation de souvenir. Le Doc Tennant ne manquera d'ailleurs pas de la faire partager au pauvre homme lorsqu'il lui dévoilera sa vie d'avant et ce qui l'a mené ici. C'est un bonheur de voir David Tennant et David Morrissey se donner de nouveau la réplique car ce dernier parvient à tenir la dragée haute à l'immense charisme de son interlocuteur et mener avec brio des scènes difficiles qui impliquent un registre émotionnel très fort. Nostalgique et émouvant, cet épisode se révèle être une histoire parfaite pour inaugurer le chemin de croix du dixième Docteur.
BUS OF THE DEAD
Londres, 2009. Une cambrioleuse de musée se voit contrainte de fuir dans le bus 200, le même bus que prend le Docteur en cette journée de Pâques. Il est bientôt poursuivi par la police et une embuscade est tenue à la sortie d'un tunnel. Mais le bus ne ressort jamais du tunnel, transportant tout ses passagers sur une étrange planète couverte de sable. Les voilà dans cet univers inconnu, épiés par d'étranges aliens et menacés par une tempête atypique qui s'approche dangereusement d'eux. Pendant ce temps sur Terre, l'inspecteur qui poursuivait la voleuse fait appel à l'UNIT.
Planet Of The Dead est un bon épisode de début de saison amputé de son bouquet final, de ceux agréables mais vite oubliables car manquant d'une véritable originalité. Le fait qu’il soit le seul épisode en onze mois ne joue guère en sa faveur car il n'attise que brièvement la curiosité sur ce qui suivra.
Un épisode isolé donc, comme ces londoniens et londoniennes normaux propulsés par une faille spatiale à San Helios, dans la nébuleuse du Scorpion. Comme dans Midnight (4.10) auquel il est fait référence, Davies nous place devant un groupe que le Docteur cherche à connaître avant que l'action ne s'emporte, mais qui manque d'élément substantiel, si l'on excepte une voyante et Christina (Michelle Ryan, vue dans Jekyll), la voleuse du début de l'épisode. Christina est une Lady qui n'a pas froid aux yeux, toujours partante pour un peu d'aventure. Une sorte de pendant féminin de notre Timelord favori. Il l'apprend d'ailleurs à ses dépens quand elle se constitue chef du groupe.
Planet Of The Dead croise le Pitch Black de David Twohy et Les Langoliers de Stephen King en version light, puise dans le bestiaire Whosien une espèce de mouches à taille humaine (semblables à celle du film avec Vincent Price) et continue dans sa lancée sur la méfiance envers les organisations humaines pour combattre les éléments surnaturels (ici la UNIT). Il fait tout ça plutôt bien et Lee Evans nous offre une performance sympathique de personnage de scientifique fan absolu du Docteur. Il se dégage des séquences sur Terre un réalisme étrange qui se trouve contre-balancé par la touche de magie de l'épisode, un bus qui vole au-dessus de Londres. C’est de cette touche qu’on se souviendra le plus au final. On apprend également que la chanson du Docteur va bientôt finir (ce qu'ont déjà dit les Oods lors du 4.03) et "Il frappera quatre fois", référence implicite au Maître qui a hanté la saison 3. Ainsi les ennemis mortels se retrouveront-ils à la fin. Et d'ici là le Doc est résolu à ne plus jamais prendre de compagnon, se réservant par la-même une fin de cowboy solitaire.
MARS ATTACKS!
Bowie Base One, première base humaine sur Mars (les anglais aiment décidément beaucoup le Life On Mars de Bowie). 21 novembre 2059. Toute l'expédition va bientôt mourir et le Doc sait qu'il ne peut rien faire car ce serait modifier le cours de l'Histoire. Tout commence lorsque l'un d'entre eux se fait soudain posséder par une infection causée par l'eau, puis contamine sa coéquipière. Le capitaine Adelaide Brooke (Lindsay Duncan, l'excellente Servilia de Rome) décide d'actionner le plan d'urgence de retour sur la planète mère alors que les eaux progressent et convoitent la Terre. Le Docteur ne peut se résoudre à quitter l'équipe.
Waters Of Mars nous propose des séquences horrifiques plus qu'efficaces dans lesquelles les personnages perdent leurs eaux en faisant des gueules pas possibles. Les eaux sont rendues étranges et la tension contamine habilement l’épisode. Puis il y a l'émotion, quand la série se cite à travers les souvenirs du vol de la Terre par les Dalek (4.12 & 13) : la petite Adélaide Brooke se retrouve face à face avec un Dalek qui s'envole et se dit qu'elle le suivra dans les étoiles. Le Doc lui explique que sa petite fille, inspirée par elle, sera le premier pilote à atteindre Proxima Centauri. Toute l'odyssée Terrienne commence avec elle, par l'inspiration qu'elle aura donnée. Une ironie du sort qui veut que les pires événements conduisent finalement à du positif. Aucun doute, nous sommes bien dans Doctor Who.
Mais le noeud de l'histoire se trouve autrepart. On avait déjà vu ça à Pompéi, lorsque le Doc libérait pour Donna un couple de romains (4.02). Il s'agit d'un moment vital qui ne peut plus être modifié car il aura une prise directe sur l'Histoire, et la vie d'Adélaïde Brooke est trop importante pour être sauvée. Ne voulant plus être victime de sa solitude, le Doc fait preuve d'une arrogance désespérée en défiant les lois du temps alors qu'il est sensé être leur serviteur. Le combat contre les eaux se transforme en combat contre l'Histoire. Un combat dont il se sait victorieux car son heure n'est pas encore venue. Le Doc finit par gagner mais l’euphorie est de courte durée. Le capitaine ne peut supporter d'être celle qui modifiera un grand futur, elle finit par se suicider dès son retour sur Terre après avoir prononcé ces mots : "The TimeLord victorious is wrong". On ne la contredira pas. Ce final est un pied de nez total à toute la série et voir le Doc Tennant finir dans cet état laisse un goût amer. Mais qu'on se rassure, le final sera à la hauteur des espérances.
LA MENACE FANTÔME
Noël sur Terre. Tout le monde cauchemarde sur le Maître mais Wilfred Mott, le grand-père de Donna, est le seul que ça démange vraiment. Il décide donc de mobiliser ses amis carte Vermeille pour retrouver le Docteur. Pendant ce temps, notre Timelord débarque des milliers d'années plus tard sur la planète des Oods (4.03). Les créatures lui communiquent les mêmes cauchemars et affirment que la venue du Maître dans notre présent menace toutes les époques. Au même instant dans notre présent, les disciples du Maître se servent de l'emprunte laissé sur sa veuve et de sa bague (cliffhanger du 3.13) pour le ressuciter. Mais l'affaire tourne mal et le Maître s'échappe sans pouvoir maîtriser toute son énergie. Pris d'une faim d'ogre, il bouffe des SDF et se prend pour un Super Saïen. Le Docteur le retrouve, mais le voilà aussitôt capturé par un milliardaire qui veut offrir à sa fille l'immortalité par le biais d'une porte guérisseuse achetée au prix fort à Torchwood. Le milliardaire veut que le Maître répare la porte, mais notre mad TimeLord a d'autres idées en tête, comme s'en servir pour se multiplier à l'infini dans chacun des humains de cette Terre. Le Doc et Wilfred arriveront-ils à l'arrêter ?
Le Maître sonne à la porte dès que le Doc s'engouffre dans la solitude. C'était déjà le cas dans la saison 3. Le nouveau face-à-face entre les deux seigneurs du temps est à la hauteur de la descente du Doc au fil des trois précédents, descente qui a eu pour point culminant le final de Waters Of Mars. Le Docteur se comportait comme le Maître et il en prenait conscience. Il revient ici tel qu'on le connaît mais bien plus apte à comprendre les débordements du seul autre TimeLord existant et plus que jamais décidé à l'aider afin d'en faire ce compagnon qu'il attend tant. Le Docteur sait aussi que son heure va venir, quand "il frappera quatre fois". Et le Maître cogne quatre fois très fort, assez fort pour que la condamnation prenne effet.
Outre le duel inévitable entre les deux ennemis intimes, le meilleur moment de l’épisode est la scène entre Wilfred et le Docteur lorsqu’ils se retrouvent dans un café. Le TimeLord confie au vieil homme à quel point la solitude le ronge et sa peur de la mort qui le guette. Davies fait une petite tape dans le dos à l'aficionado qui objecterait que le Doc continuera même sans lui. "Mais oui les gars, mais ce ne sera plus mon Doc. Ça ne sera plus jamais comme avant". Et sa scène fait mouche grâce au talent dramatique de David Tennant. Elle émeut même grandement lorsque la pétillante Donna se fait voir à travers la fenêtre sans que le Docteur puisse lui parler sous peine qu'elle ne meure.
Mais sous ses dehors prévisibles et annoncés, la menace est finalement un ingénieux tour de passe-passe de Russell T. Davies. Lors du premier épisode, un narrateur omniscient nous conte l'histoire de l'épisode, procédé inédit dans la série mais pas du tout innocent car il fixe dès lors une mise en abyme sur des événements incontrôlables pour chacun des deux TimeLord. Peu à peu derrière cette voix on dévoile le visage de Timothy Dalton, puis vient la révélation finale. Les TimeLord reviennent et Dalton n'est nul autre que leur chef ! Le dernier épisode de la saison débute à Gallifrey, le dernier jour de la guerre du temps. La fin des TimeLord et des Dalek est imminente mais le Lord President (Timothy Dalton) refuse de mourrir, au point de supprimer ses opposants qui souhaitent arrêter la guerre. Une prophétie annonce que deux TimeLord s'en sortiront : Le Docteur et le Maître. Ce dernier sera le contact qui permettra aux seigneurs du temps de sortir du Timelock, prison temporelle dans laquelle ils sont enfermés. L'histoire du Maître est ainsi résolue dans un "toutéliage" typique du scénariste showrunner.
Les quatre battements que le Maître traîne dans sa tête depuis qu'il a regardé dans le Vortex étant gamin sont finalement bien réels. Il s'agit des battements de coeur des TimeLord, signal présent dans le Timelock et en dehors qui pourra donc leur établir un contact avec la continuité temporelle. Les six milliards de Maîtres unis parviennent à envoyer le signal et le Lord Président envoie dans ce signal un petit white point Star, un diamant qui ne peut exister que sur Gallifrey. En amplifiant le pouvoir du diamant par la machine de l'épisode précédent, il est possible de faire revenir les TimeLord. Un lien s'agrandissant progressivement, tel est l'astuce de scénario qui permet de faire tenir la menace. Car il s'agit bien d'une menace. En décrivant les TimeLords comme l'aurait fait ses prédécesseurs des anciennes séries, Davies fout en l'air sciemment quatre saisons d'idéalisation de Gallifrey et de nostalgie du Doc. La suppression de la race était aussi nécessaire que celle des Dalek car transformés par la Guerre, ils devenaient de plus en plus mégalos. Heureusement ce coup d'éclat vaut le coup et une grande partie de l'épisode tient sur ce danger imminent.
Davies sait jongler avec maestria entre les époques et l'espace, exprimer le contact à des distances infinis et le montage est optimisé pour accroître le suspens. En lieu et place de l'épique tant attendu, nous nous retrouvons avec une connexion entre trois lieux parfaitement gérée entre le Timelock (la menace), le vaisseau des Cacti avec le Doc et Wilfred à son bord (ce qui peut la stopper) et la villa du businessman (le lien qui attire la menace). Une belle leçon de construction scénaristique relayée avec maestria par Euros Lyn, réalisateur grand habitué de la série. La musique de Murray Gold, à son top, achève de faire de cet épisode un Doctor Who inoubliable. Donna est peut-être évacuée un peu vite et on ne saura jamais qui est la mystérieuse femme qui contacte Wilfred pour lui assigner une mission. Mais il y avait tellement de choses à raconter que le court-circuitage de Donna était excusable, voire nécessaire. Concernant cette femme, les questionnements des fans sur son identité (la mère du Doc ? Sa petite fille ? Donna ?) auront de quoi remplir des journées de débat, ce qui n’est pas sans réjouir Russell T.Davies et Julie Gardner qui demeurent encore élliptiques sur la question. Pour le reste, l'ultime épisode de Tennant et Davies n'est que du bonheur, et même plus.
“I DON'T WANT TO GO”
Le Doc est sensé y passer dans cet épisode, mais comment ? On se tourne forcément vers le Maître et les TimeLords qui constituent la menace la plus probable. "Il frappera trois fois et tu seras mort" disait la prophétie. Le "il" n'est nul autre que Wilfred qui s'est enfermé dans la cabine à radiation et qui sera désintégré si le Doc ne lui vient pas en aide. Au terme d'une tirade shakespearienne portée par un Tennant à son sommet, le Doc acceptera de finir dans la cabine à la place du vieil homme. Le lien entre Wilfred et le Doc Ten au fur et à mesure des saisons était donc celui qui le menait à sa fin. Le Doc ne meurt pas mais la régénération est activée et il ne lui reste que quelques minutes avant de changer.
Ces dernières minutes, il va en profiter pour prendre sa récompense, ou bien est-ce Russell T. Davies qui vient prendre la récompense de cinq années à faire vivre ce petit monde. Il n'y a que des happy ends dans ces dix dernières minutes de David Tennant : Martha et Mickey nouvellement mariés se font sauver par le Doc d'un tir Sontaran, il sauve le fils de Sarah Jane d'un accident de voiture, il rend visite à la descendante de l'infirmière Redfern avec qui il aurait pu finir marié en tant que John Smith (3.09), puis il va voir le Jack terrassé par la mort de Ianto (Torchwood saison 3) pour lui arranger le coup avec le jeune Alonso (Christmas special 2007 sur le Titanic). Une manière de faire ses adieux à chacun d'entre eux. Il se rend ensuite au mariage de Donna pour une visite bien émouvante à Wilfred et à la mère de cette dernière.
Destination finale et cerise sur le gâteau, le 1er janvier 2005. Rose et sa mère discutent ensemble de l'avenir. Rose aperçoit le Docteur et il lui dit que pour elle, ce sera une très bonne année. Puis le chant des Oods accueille son retour vers le Tardis, et c'est sur ce chant déchirant, un sommet de Murray Gold, qu'a lieu la régénération en Matt Smith. Les derniers mots de David Tennant auront été "I don't want to go". Ah ça non, nous non plus. Peut-être est-ce pour ça que ces dix dernières minutes ont été aussi puissantes, à la manière de celles de Peter Jackson sur la fin du Retour Du Roi. On partage la tristesse du créateur et de son acteur de laisser un aussi beau personnage et autant de moments merveilleux qui font désormais partie de l’Histoire de la télévision.
Mais comme on sait, la fin du Docteur n’a jamais été la fin du show. La régénération un peu trop tardive explose tout dans le Tardis et Matt Smith apparaît… pour de nouvelles aventures qui ont débuté le 3 avril dernier sur la même BBC.
"The song is ending but the story never ends"
Le Docteur est mort. Vive le Docteur.
DOCTOR WHO SPECIALS
Scénario : Russell T.Davies, Gareth Roberts, Phil Ford.
Réalisation : Andy Goddard, James Strong, Graeme Harper, Euros Lyn.
Producteurs : Russell T. Davies, Julie Gardner, Phil Collinson
Compositeur : Murray Gold
Interprètes : David Tennant, John Simm, David Morrissey, Timothy Dalton, Bernard Cribbins, Michelle Ryan, Linday Duncan, Lee Evans, Catherine Tate...
Origine : Royaume-Uni