Le Hobbit : La Bataille Des Cinq Armées
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- Critique par Nicolas Marceau le 29 décembre 2014
Anneaux amours
Si Un Voyage Inattendu et La Désolation De Smaug débutaient chacun par le thème musical innocent et plein de candeur de la Comté imaginé par Howard Shore, l'ouverture de La Bataille Des Cinq Armées laisse place à un autre motif plus sournois : celui de Smaug le dragon, que Tolkien avait conçu sous l'influence de celui de Beowulf.
Par ce leitmotiv sonore hantant la partition avant même le début des hostilités, Peter Jackson annonce la couleur : la conclusion de sa nouvelle trilogie sera d'abord une œuvre sur l'avènement du Mal sous sa forme la plus mythologique, celle de l'ego obstiné représenté par un dragon. Cela n'a rien d'une surprise : ce schéma thématique avait déjà été mis en avant en ces lieux l'an passé, quand les tristes sires hurlaient à la trahison de Tolkien alors que les choix d'adaptation en trilogie commençaient seulement à porter leurs fruits. Nous vous invitons donc à relire les deux précédents articles plutôt que de vous en faire le résumé ici car, après tout, Peter Jackson n'a pas besoin non plus de rappeler les événements précédents avant de nous plonger au cœur du sujet.
En plaçant l'attaque de Lacville comme prologue de son ultime voyage en Terre du Milieu, le cinéaste risquait de minimiser l'importance du cliffangher du film précédent en reléguant la mort de son cracheur de feu au rang de péripétie parmi tant d'autres. Il lui suffira pourtant d'un plan évocateur (l'ombre du dragon avançant en silence sur une tour renvoyant au Blitz londonien) et d'une focalisation sur le personnage du Maître (cherchant à quitter le Titanic en première classe alors que le monde est en train de sombrer) pour saisir que ce sont toujours les implications émotionnelles qui l'intéressent. Ainsi, alors que les hommes voient leur ville réduite en cendres, la caméra se porte sur la troupe de nains observant le désastre au loin, seul Thorin tournant la tête vers Erebor, marquant ainsi son détachement du sort des autres et de ses propres camarades.
Le dragon occis (dans une superbe séquence iconisant Bard comme nouveau leader des hommes), les scénaristes Fran Walsh et Philippa Boyens ont trouvé dans les inspirations scandinaves de Tolkien un nouveau moteur à leur dramaturgie. Dans la Völsunga Saga, et plus spécifiquement dans le cycle de Sigurd, le Mal du dragon Fafnir est ainsi une malédiction de l'or éveillant la cupidité de tous ceux qui chercheront à s'en accaparer (notamment Regin qui finira décapité par Sigurd). On comprend ainsi mieux ce qui a motivé le découpage en trilogie du Hobbit, La Bataille Des Cinq Armées étant toute entière guidée par cette quête de l'or sous la montagne et par la folie progressive d'un Thorin refusant de céder la moindre pièce du trésor. Smaug devient ainsi le Gollum du roi sous la montagne, son négatif, ce dernier se mettant presque à parler en sifflant au ralenti, répétant les mêmes mots que le vil serpent. Le héros d'hier devient le tyran de demain et il faudra à Thorin la vision du dragon sous une mer d'or pour sortir de ses sombres songes, dans une séquence lyrique inventée par Peter Jackson sur les bases d'un morceau de bravoure autrefois contesté à la fin de La Désolation De Smaug.
"Si un plus grand nombre d’entre nous préférait la nourriture, la gaieté et les chansons aux entassements d’or, le monde serait plus rempli de joie." Cette phrase de Tolkien, extraite du Hobbit, synthétise assez bien la démarche de Peter Jackson dans sa volonté de conserver la dimension humaine du récit, au milieu d'un affrontement gigantesque entre différentes races pour la conquête de la montagne d'Erebor. On retrouve cette simplicité dans cette séquence où Bilbo contemple le gland qu'il a ramassé chez Beorn dans l'espoir de faire pousser un arbre à son retour chez lui. On la comprend dans cette volonté de focaliser l'attention de Bard sur sa famille, opposé sur le champ de bataille à l'accoutrement et aux motivations ridicules d'Alfrid. On le ressent dans le silence des salles immenses d'Erebor plongées dans l'ombre, avec son roi sans peuple à gouverner. Ces moments-là contrebalancent aisément les incartades dans un spectaculaire obèse pas toujours justifié (les mange-terres sont aussi éloignés de la poésie de Tolkien que le combat entre géants de pierre dans Un Voyage Inattendu) ou les coupes franches qui n'ont visiblement pas été épargnées au cinéaste néo-zélandais.
Car il manque au moins trente minutes de métrage à La Bataille Des Cinq Armées pour être tout à fait à la hauteur de ses enjeux, l'affrontement tant attendu se focalisant trop vite sur des vues d'ensemble impressionnantes mais peu impliquantes ou des duels un-contre-un orgiaques mais finalement conventionnels (un héros contre un méchant, là où Jackson avait intelligemment choisi de supprimer Sauron à la fin du Retour Du Roi pour que le Mal demeure une entité abstraite). Au rayon des absents, citons un vrai affrontement entre les Elfes et les Nains qui permettrait de saisir la folie des peuples respectifs (où sont passées les nuées de flèches et la charge des bouquetins visibles dans le trailer ?). Il manque également un vrai morceau de bravoure pour Beorn dont la présence est ici réduite à un caméo de dix secondes, ou encore un réel exploit des Nains que la première bande-annonce promettait pourtant de confronter aux wargs sur une rivière gelée. Enfin, les funérailles de Thorin et leur portée symbolique ont été élagués en attendant une version longue dont le souffle épique sera très certainement retrouvé (voir les miracles accomplis par l'extended cut de La Désolation De Smaug ou Les Deux Tours en leur temps pour s'en convaincre).
Si nous ignorerons pour le moment les raisons de ces coupes franches (conflit avec le studio voulant un film plus court ? Post-production apocalyptique comme ce fut le cas sur Le Retour Du Roi ?), on notera que la plupart d'entre-elles permettent de se focaliser au mieux sur le point de vue de Bilbo, véritable spectateur d'évènements bien trop grands pour lui. En retardant le moment où le héros tombe inconscient (dans le livre, le Hobbit ne voit quasiment rien de la bataille), Jackson et ses scénaristes ont privilégié sa relation avec Thorin en l'établissant comme véritable contre-point moral, celui qui volera l'Arkenstone pour sauver son ami, quand bien même ce dernier le remerciera en tentant de le tuer. Ce modèle de droiture, d'honnêteté et de courage devra mener la trilogie vers son épilogue particulièrement désenchanté.
Tolkien n'ayant jamais caché sa fascination pour le poème épique Beowulf (empruntant notamment à Grendel pour composer son Gollum), on pense beaucoup au travail d'extrapolation effectué par Neil Gaiman et Roger Avary pour adapter l'oeuvre anglo-saxonne sous la caméra virtuelle de Robert Zemeckis. Faisant de Grendel le fils d'Hrothgar puis transformant le dragon en rejeton de Beowulf, les auteurs clôturaient le récit sur l'émergence d'une nouvelle tentation chez Wiglaf (bras droit du Loup des Abeilles) jusque-là présenté comme la figure morale. Un choix intuitif d'écriture qui rejoint la conclusion du Hobbit devant mener au Seigneur Des Anneaux : si la Guerre de l'Anneau sera possible, c'est parce que même Bilbo n'aura pu céder aux attraits dorés de son précieux. Même l'être le plus petit peut changer le cours du destin, y compris en Mal.
Si les deux œuvres de fantasy (les seules de qualité à avoir été produite ces dix dernières années) trouvent autant de correspondances dans leur support littéraire et dans les choix de scénario pour les porter à l'écran, c'est parce que les mythes (Apollon triomphant de Python, Indra de Vitra, le Serpent tentateur) tendent tous vers le même constat, inconscient, et formulé à merveille par le penseur indien Ananda K. Coomaraswawmy dans son ouvrage Hindouisme Et Bouddhisme : “En réalité, le Tueur et le Dragon, le sacrificateur et la victime sont Un en esprit derrière la scène où il n'y a pas de contraires irréductibles, tandis qu'ils sont ennemis mortels sur le théâtre où se déploie la guerre perpétuelle des Dieux et des Titans."
THE HOBBIT: THE BATTLE OF THE FIVE ARMIES
Réalisation : Peter Jackson
Scénario : Peter Jackson, Fran Walsh, Philippa Boyens & Guillermo del ToroÂ
Production : Peter Jackson, Fran Walsh, Zane Weiner, Philippa Boyens...
Photo : Andrew Lesnie
Montage : Jabez Olssen
Bande originale : Howard Shore
Origine : Nouvelle-Zélande / USA
Durée : 2h24
Sortie française : 10 décembre 2014
Commentaires
VOILA !!! PRIS en Flag !!! L’idéologie réactionnaire de Campbell !!
Non 'le rafik djoumi's club" la base de toute société n'est pas ça culture ni ces mythe magnifique outil de manipulation des castes dirigeante mais sa LUTTE DEs CLASSEs !!
LE nouveau washowski sort dans 5 jours, eu au moins ont un minimum de culture qui va au delà de la bouilli FX d'un jakson ou d'un cameron ( j'ai de la sympathie pour del totreo je ne peux le réduire qu'à ça )eu au moins savent 'assimilé, digérer puis dégueuler leur influences' ( yannick sort de ce corps :-), leur petit manifeste du parti communiste
Bon week-end, Paul.
PS : si nos influences critiques et théoriques t'intéressent tant, elles se trouvent dans le PDF de présentation sur la gauche de l'appareil. Il suffit de suivre le triangle, l'oeil et le compas.
Bon j'ai tout lu !!
Donc c bien ce que je pensait l'ouvreuse est une revue de gauche ideologisante ( la question qui demeure est : est ce que l'utopisme socialiste et pire que le nazime [http://multa-p aucis.eklablog. com/avatar-ou-p rincesse-monono ke-pour-les-gog oles-a109174878 ] ???! je pense qu'il y a débat !! )
Si elle s'appliquait à un minimum de matérialisme dialectique elle verrai que Snyder et Cemeron filme avec le meme matos, sur le meme fond vert, avec les meme cadres et qu'ils ont bouffée quand ils etait gosse les meme corn flexe devant les memes dessin animé ( je t'en fouterai moi de 'l'assimilation inflationiste' ...ou de 'l'iinfluence assimilationist e' ) ! Seulement y en a un qui trouve pas si exagérer que ça de filmer une chevauché de cavalier armée de lances et de flêche
contre une panzerdivision intergalactique venue leur souffler leur minéraux ( c vrai qu'à l'ère du voyage interstellaire, les conflits des siècle précédents sur les pénibles réserve d’hydrocarbure de notre insignifiante terre seront toujours d'actualité )
QUOI alors, il est normal que le cours du temps et de l'histoire voit la raison et le bon sens de plus en plus gagner du terrain ( marci le capitalisme mondialiste ) et donc que snyder travaille méticuleusement à ce que son SUperman ne porte plus cet horrible caleçon rouge !
oui oui vous pouvez vous permettre un article sur man of steel traitant du slip rouge manquant ...Quoi c déjà fait !!! j'y cours de suite
Précisément la raison pour laquelle :
1/ on va te laisser terminer
2/ on va te demander où tu te fournis
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