Gérardmer 2012 : Eva

Ibèrenétique

Affiche Eva

2041. Un ingénieur en robotique revient à l’université qu’il avait quittée des années auparavant, bien décidé à enfin remettre en chantier un prototype de robot au comportement et à l’apparence quasi humaine.

Il retrouve son frère et son ancienne compagne mais surtout, fait la rencontre de sa nièce Eva, une fillette de dix ans peu ordinaire qu’il envisage de prendre comme modèle pour la personnalité de son robot.

Le premier long du réalisateur espagnol Kike Maillo, proposé en compétition officielle, est probablement le film le plus abouti de cette édition 2012. Exposant de manière concise et visuelle un univers d’anticipation aussi dépouillé que crédible (mais quel est le budget de ce film ?), Maillo relève d’emblée le défi esthétique que son sujet lui imposait. Dans le même ordre d’idée, le réalisateur limite les incursions de la SF à des éléments touchant directement ses thématiques de technologie robotique : ainsi, le décorum n’est jamais spécialement futuriste mais bien plutôt marqué par des dominantes contemporaines ou organiques (neige, montagne, lac gelé).

Conséquence de ce parti pris inattendu du réalisateur, les éléments centraux du récit prennent une résonnance merveilleuse, par contraste avec la normalité alentour. La science devient magie et la poésie que Maillo distille avec parcimonie trouve dans ce contexte un écho plus important. Si Spielberg est bien entendu passé par là avec son fabuleux (et insurpassable ?) A.I., Maillo s’approprie néanmoins avec intelligence la si délicate thématique de l’intelligence artificielle, tout en ménageant dans la première partie de son film de très beaux instants qui évoquent le meilleur des productions Amblin.

Eva
 

Au delà de cette remarquable imagerie, Maillo s’attarde également sur les lois régissant la communication entre humains et robots (lois établies par les théories du héros). Celles-ci, piliers de l’intrigue, constituent une clé dans l’évolution de la relation entre le scientifique et cette fillette qui le fascine et qu’on peut décrire comme un jeu d’attentes et de réactions à un niveau inconscient. Chacune de leurs interactions est ainsi soulignée à la perfection par l’alchimie des acteurs (l’interprétation de la jeune Claudia Vega est proprement fabuleuse et rappelle curieusement celle de Patricia Gozzi dans le sublime Les Dimanches De Ville D’Avray) et une direction artistique d’une grande subtilité. Cette logique narrative inconsciente trouvera finalement une réponse (plus ou moins attendue) aux trois quart du film. 
Peu importe si certaines situations et ressorts peuvent paraître simples, Maillo les transforme à la manière dont les squelettes robotiques (l’étonnant chat, le prototype) s’animent par leurs mouvements gracieux et leurs expressions tendant à la vie organique. La recherche de l’âme qui peut donner vie à une chose mécanique est toute entière contenue dans son film et on peut difficilement éluder le fait que trouver cette âme fut la principale préoccupation du réalisateur pour son film (en atteste entre autres la gamine qui se moque des lieux communs du cinéma). Bref, sur de nombreux points, et malgré de menus défauts (surtout narratifs), Maillo a réussi son pari.
 




   

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