Invasion de points Godwin

Nous libérer de Libération

Libé change de formule ! Et ça se voit...

Libération a encore frappé... D'une précision millimétrée, les frappes du journal libertaire sont chirurgicales. Dernière cible en date : Invasion d'Oliver Hirschbiegel. Et ils n'aiment pas Hirschbiegel chez Libé... Il est allemand, il a osé parler d'Hitler sous un angle rationnel et les héros de son dernier film sont blonds aux yeux bleus. Effronterie.


Le pitch en trois mots : fable pasolinienne sur la post-modernité, Invasion décrit un monde tombant sous la coupe d'un virus faisant des citoyens légumes. Deux résistants, Daniel Craig et Nicole Kidman, revendiquent le droit à l'émotion, à l'identité, à la spécificité et refusent la société uniforme cosmopolite mondiale qui se profile. Cinquante ans après le nazisme, on peut dire que le Bosch ne manque pas d'air : il se met à penser, mais de quel droit ? Heureusement les flics de la pensée veillent et sont là pour empêcher le IVème Reich.

Invasion
Déjà, Libé n'aime pas trop qu'on critique la société de consommation, c'est ce qui remplit leur frigo depuis bientôt quarante ans, donc chaque critique de la marchandisation des esprits par un retour à l'ordre subit la réduction ad-hitlerum. Quand il s'agit d'être les apologètes du dernier navet asiatique contemplatif euthanasiant l'esprit, ils deviennent nettement plus bavards.
Venant du très brillant Hirschbiegel, je ne m'attendais pas à un film de Science-Fiction comme les autres. Habitué des sujets casse-gueule, je me demandais quelles voies le réalisateur allait prendre pour faire passer son message. Mes attentes ont été comblées, et quand on sait le décrypter, Invasion est vraiment subversif et prend réellement parti. Il diffuse ce propos limpide : la survie de l'humanité ne dépend pas d'un nivellement économique, culturel et social mais de la conservation de la spécificité de chaque civilisation pour assurer à notre espèce un minimum de pérennité. En gros, il s'oppose en tout point au magma ambiant et propose un discours très rare, mais pourtant très vrai : un américain ne sera jamais similaire à un chinois, Bush ne doit pas aller dans les bras de Chavez. Tout ceux qui croient à une grande société mondiale sont des neuneus de la logique comme le suggérait Lautréamont. Il faut conserver l'homme... pour le meilleur et pour le pire.

Alerte rouge dans les bureaux de Libé : "Vite vite, on s'attaque à notre fond de commerce ! Faisons marcher les neurones... Mince pas d'argumentation... On n'a qu'à dire que ce film ne mérite pas notre prose. Ah non mince déjà fait récemment pour 99 Francs. Euh... On a qu'à dire que Kidman joue comme un ballet à chiottes... Non zut ! Déjà fait pour La Chute... Vite vite une idée... NAZI !! C'est une bonne idée ça nazi, ça fait longtemps et comme ça notre lectorat aura la douce impression d'être muni d'un esprit critique".

Voici donc le fruit d'une longue réflexion :

"Un plaisir attend le spectateur d'Invasion sous la forme de Daniel Craig, [...] accouplé à la tortillée laiteuse Kidman. C'est le couple du siècle, à peine nazi, le temps d'une mise en train en voiture éblouie. Avant dérapage au navet infecté".
Bayon – Libération du 17 octobre 2007

C'est un défi lancé à la grammaire française... Abscons, lâche, insignifiant et gratuit mais il y a "nazi" dedans. C'est tout de suite plus courageux.

Guy Debord a dit (et cela illustre parfaitement le propos de Invasion) : "La croissance économique libère les société de la pression naturelle qui exigeait leur lutte immédiate pour la survie, mais c'est alors de leur libérateur qu'elles ne sont pas libérées".

Petite correction : c'est de Libération qu'elles ne sont pas libérées.




   

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