Bons Baisers de Bruges + Seuls Two + Narnia 2...

Il sort quand le Blu-ray de Speed Racer?

Affiche Bons Baisers de Bruges
Fidèle à mes (mauvaises) habitudes, je débarque après mes petits camarades pour évoquer une journée de Fête du Slip sur grand écran.

Inconvénient : ben c’est déjà fini donc ce ne sera pas vraiment du "vécu en direct" chaud bouillant et il y aura du doublon sur certains films. Avantage : n’ayant pu me faire qu’une seule journée marathon, je n’aurai pas à m’excuser pour la millième fois auprès du rédac chef pour mes autres retards sur les deux autres journées de cette Fête ! (nicco : je garde le prétexte "mon chien a mangé mon disque dur" pour la prochaine fois, promis !).

Au programme donc : Colin Farrell dans un de ses meilleurs rôles, la sortie de route magistrale d’un Romero sous Prozac, un délire très Chuck Jones entre Eric et Ramzy faisant les cons dans Paris et de l’héroïc fantasy pour mouflets. J’aurai bien aimé caser Valse Avec Bachir et parvenir à me faire une dernière séance Speed Racer (dégagé vite fais des multiplexes alentours. Pardonnez-les !) mais tant pis.


Bons Baisers de Bruges
Probablement la meilleure surprise de ce début d’été. Un film d’une étonnante noirceur et qui pourtant est absolument désopilant. Une tragédie dans laquelle Colin Farrell, qui a rarement été aussi bon, incarne un tueur à gage forcé de se terrer à Bruges après avoir commis une bavure. Il est accompagné par Brendan Gleeson, qui a rarement eu droit à un rôle aussi important.

L’opposition entre le caractères des deux personnages offrent des scènes de comédie absolument géniales dont on ne peut s’empêcher pour autant de ressentir derrière une profonde mélancolie. Lentement mais sûrement, le réalisateur britannique Martin McDonagh, dont c’est le premier long-métrage (après avoir décroché l’Oscar du meilleur court en 1996), instaure un climat gothique, transformant la magnifique ville belge en une sorte de Purgatoire sorti tout droit d’une toile de Jerôme Bosh, comme si le temps s’était arrêté. Des personnages dans l’attente d’un Jugement, d’une Rédemption ou d’une Mort inévitable qui ne se dévoilera qu’à la suite d’une séquence téléphonique étouffante, filmée en plan séquence et où le malaise s’instaure définitivement.
Dans ce théâtre baroque peuplé de tueurs, de nains et de prostitués, tout le monde joue la comédie pour mieux masquer la tragédie (voir cette conversation au restaurant où l’honnêteté passe pour du second degré). Celle-ci n’en frappera alors que plus violemment, contaminant l’espace cinématographique (un tournage de film).
Bons Baisers de Bruges est un film beau, drôle, bouleversant et absurde comme la Vie.


Affiche Diary Of The DeadDiary Of The Dead
C’était inévitable : George Romero a fini par rejoindre Dario Argento dans la maison de retraite des anciennes gloires fatiguées du fantastique. Son Land Of The Dead (après une traversée du désert créatif de près de quinze ans) témoignait déjà d’une rupture du maître vis-à-vis du genre qu’il avait contribué à créer. Orientation hollywoodienne, gore numérique, scope léché, casting de jeunes sans intérêt, effets de trouille classique bien débiles (genre un soldat qui écoute son Mp3 dans une zone infestée de morts-vivants)… On était loin du naturalisme de sa trilogie originale et le besoin irrépressible de reconnaissance critique conduisait l’auteur à privilégier la parabole politique lourdingue au détriment du pur film de genre à connotations sociales.

Il n’est donc guère surprenant de découvrir avec Diary Of The Dead que Romero n’utilise plus ses morts-vivants que pour servir un discours totalement débile sur le pouvoir des images, jetant aux orties toute ambition narrative (les personnages ne sont que des clichés ambulants aux réactions absurdes) et esthétique. Plutôt que de laisser parler son récit et ses images, le réalisateur de La Nuit des Morts-Vivants nous assène en voix-off ses théories surannées sur notre monde moderne, ne donnant jamais à ses interrogations un quelconque échos dans le scripte.
Que des films comme [REC]Cloverfield ou Redacted soient déjà passés par là ne change rien : le parti pris du filmage à la première personne est ici totalement aberrant, ressemblant en fait à du cinéma tout ce qu’il a de plus classique : champ/contre-champ (même quand une seule caméra filme), inserts, gros plans, plans larges, raccords dans le mouvement, musique d’accompagnement "pour faire peur" (dixit la monteuse qui n’arrête pas de nous sermonner sur la manipulation des images)… On ne parlera même pas du comportement absurde qui veut que le caméraman filme non-stop sans jamais sourciller quand ses amis que font attaquer sous prétexte que "tout le monde doit savoir" (vu que l’invasion est partout sur Terre, on se demande bien "savoir quoi") (nd nicco : savoir pour la main d'Hellboy).

Prétentieux, mal écrit, mal joué et ne se posant aucune question sur les évolutions narratives et émotionnelles que son concept impliquait, Diary Of The Dead est le désastre artistique d’un ancien génie devenu vieux con radoteur tendance cynique. Et ça fait vraiment pas plaisir.


Affiche Seuls TwoSeuls Two
Eric et Ramzy me font rire. Voilà, c’est dit, j’ai fait mon coming-out et je ne suis pas honteux. Ils auront beau jouer toujours les mêmes personnages de la même façon (tendance gamins régressifs), je peux pas m’empêcher de me tordre de rire chaque fois qu’ils apparaissent dans des productions qui leur ressemblent (c’est à dire quand on essaie pas de caser leur humour décalé dans des productions formatées type Double Zéro). Leur émancipation artistique avec le génial Steak témoignait déjà d’un désir d’univers filmiques plus risqués et finalement en désaccord avec les divertissements formatés du prime time. On le ressentait déjà dans l’OVNI de Quentin Dupieux, on le perçoit plus encore dans Seuls Two qu’Eric et Ramzy ont eux-même écrit et réalisé : il y a une réelle poésie dans la bulle de ces éternels gamins refusant de grandir. Comme s’ils étaient paumés dans un monde d’adultes stupides, bruyants et normatifs.

Difficile alors de ne pas succomber à cette chasse absurde très Tex Avery entre deux individus seuls au monde qui vont apprendre à se connaître et s’aimer. On pourra toujours reprocher au film de tourner un peu à vide au bout d’une heure mais ce serait vraiment faire la fine bouche devant ce qui reste une comédie fantastique française (je le souligne parce que c’est quand même dur d’y croire sur le coup) très drôle et visuellement très classe (les vues de Paris désert sont très impressionnantes). Et puis des films qui nous intiment de ne pas grandir et de continuer à faire des conneries genre conduire une Formule 1 en plein Paris, ça fait du bien !


Affiche Le Monde De Narnia 2Le Monde De Narnia - Chapitre 2 : Le Prince Caspian
J’avais envie d’y croire. Pendant les dix premières minutes, j’ai même eu un gros sourire genre "Ça y est, ils se sont sortis les doigts du cul pour faire un truc un minimum épique".
Et puis ça n’a pas duré. Comme pour – l’atroce – premier épisode, c’est reparti pour plus d’une heure d’exposition. Les marmottes Milka expliquant vaguement les enjeux dramatiques sont remplacés par un blaireau Milka. Les scènes où les enfants découvraient le monde magique de Narnia sont remplacées par des scènes où les enfants découvrent les ruines du monde plus tellement magique de Narnia. Et ça parle, ça parle, ça ne fait que ça. On aimerait bien se sentir un tant soit peu concerné par ce qui se passe à l’écran mais le film souffre d’un grave problème de dramaturgie, ne parvenant jamais vraiment à rendre crédible cet univers merveilleux (j’avoue ne pas accrocher aux livres de Lewis qui ne sont selon moi qu’un sous-Seigneur des Anneaux pour les kids balançant pleins de créatures magiques dans tous les coins sans parvenir à rendre le monde de Narnia tangible et cohérent) ni à donner le poids suffisant aux dilemmes des héros. A ce titre, le parcours du Prince Caspian, censé être l’épicentre du récit, n’en finit pas de laisser dubitatif, celui-ci se contenant généralement de subir les évènements sans jamais vraiment prendre part à l’action (pourquoi diable ne se bat-il pas lui-même contre son ennemi, laissant à Peter cette tâche ?). On pourra également regretter que le vécu des enfants (aussi bien vis-à-vis du premier opus que du contexte de guerre dans lequel ils évoluent à Londres) ne soit jamais vraiment mis en relation avec la dimension humaine et guerrière que revendique ce second opus.

La mise en place laborieuse est fort heureusement contrebalancée par un deuxième acte plus dynamique (même si l’on suit l’action mollement, faute d’implication émotionnelle assez forte), s’offrant quelques libertés bienvenues vis-à-vis du bouquin (une scène d’infiltration, le retour tentateur de la Sorcière Blanche, une amourette avortée) et une mise en scène fonctionnelle traversée de fulgurances épiques. On retiendra une poignée de bonnes idées (les souris mousquetaires, les aigles déposant les héros sur les tourelles d’un château), quelques effets spéciaux somptueux (les arbres bien vénères et le dieu de l’eau : deux cènes spectaculaires qui ne font par ailleurs que renforcer le sentiment de Tolkien pour les plus jeunes)  et le score de Gregson Williams est toujours aussi imposant. Néanmoins, pas de quoi suffire à insuffler un peu de "magie" à une saga qui en est, jusque là, grandement dépourvue.

7/10
In Bruges
Réalisateur : Martin McDonagh
Scénario : Martin McDonagh
Production : Graham Broadbent, Peter Czemin…
Photo : Eigil Bryld
Montage : Jon Gregory
Bande originale : Carter Burwell
Origine : GB / Belgique
Durée : 1h47
Sortie française : 25 juin 2008












2/10
Diary Of The Dead
Réalisateur : George A. Romero
Scénario : George A. Romero
Production : Ara Katz, Art Spigel, Peter Grunwald…
Photo : Adam Swica
Montage : Michael Doherty
Bande originale : Norman Orenstein
Origine : USA
Durée : 1h35
Sortie française : 25 juin 2008












6/10
Seuls Two
Réalisateur : Eric Judor & Ramzy Bedia
Scénario : Eric Judor & Ramzy Bedia
Production : Alain Attal
Photo : Philippe Piffeteau
Origine : France
Durée : 1h34
Sortie française : 25 juin 2008
















4/10
The Chronicles of Narnia: Prince Caspian
Réalisateur : Andrew Adamson
Scénario : Andrew Adamson, Christopher Markus & Stephen McFeely d'après l'œuvre de C.S. Lewis
Production : Andrew Adamson, Perry Moore, Mark Johnson…
Photo : Karl Walter Lindenlaub
Montage : Josh Campbell & Sim Evan-Jones
Bande originale : Harry Gregson-Williams
Origine : GB / USA
Durée : 2h27
Sortie française : 25 juin 2008




   

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