Very Bad Trip + Morse

Quand on a que l'amour...

Affiche Very Bad Trip

Ce devait être une critique de Blood The Last Vampire mais vu le niveau du bouzin pas la peine de se fatiguer à le concasser. Mieux vaut passer un peu de temps avec deux films diamétralement opposés dans la forme mais liés dans leur exploration du sentiment amoureux.


Oui, Very Bad Trip et Morse sont deux œuvres magistrales chacune dans leur genre, de par une liberté de ton et des qualités esthétiques et notamment l’universalité de leur principal enjeu, l’Amour avec un grand A.

Oh, je sais bien que les joujoux extras de Michael Bay (et la plastique affolante de Megan Fox !) auront tôt fait d’occulter et détourner les regards des autres films à l’affiche mais le nouveau film de Todd Phillips (Old School, Starsky et Hutch) mérite amplement le détour. Et si l’on constate l’absence du moindre membre du Frat Pack, elle est loin d’être à déplorer tant Very Bad Trip se révèle un digne représentant des comédies servies par Apatow, Stiller, Ferrel, Paul Rudd et compagnie. Mieux, le film consacre l’entrée dans la famille de Zach Galifianakis, tout simplement incroyable dans son rôle de Alan, beau-frère gentil mais un peu bizarre et assénant les pires énormités (il lui est interdit de se trouver à moins de cinquante mètres de tout lieu où se trouve des enfants !) sur le ton de la banalité. Un personnage tout en contraste qui porte le film puisqu’il est presque directement responsable de cette équipée sauvage et pratiquement au centre de tous les meilleurs gags. Alan qui recherche avant tout à se faire accepter dans le cercle d’amis du futur marié, Doug.

Et quelle meilleure occasion de sceller cette amitié naissante que d’enterrer sa vie de garçon à Las Vegas, lieu de perdition et de perversion, soit le paradis sur terre pour de chaudes soirées ! Et plutôt que de narrer les errances alcoolisées de nos quatre dépravés, Todd Phillips préfère occulter son déroulement pour nous transporter dans son immédiat effet, le réveil embrumé au sein d’une suite dévastée. Une option payante puisque le spectateur sera confronté en même temps que les personnages aux conséquences apocalyptiques (mariage avec une prostituée, gangster chinois plutôt agressif et revanchard, un tigre dans la salle de bain, etc) de leurs actes. Va s’ensuivre une enquête à rebours où les amis devront revisiter les lieux de leurs délires afin de découvrir où se trouve le futur marié et d’où vient le nourrisson trouvé dans leur hôtel !

Very Bad Trip
"Plutôt m'arracher une dent que de parler de Blood The Last Vampire ! Tiens, la preuve !"


Sans atteindre la profondeur de Rien Que Pour Vos Cheveux ou le délire de Tonnerre Sous Les Tropiques on reste ébahi par le rythme imposé et l’enchaînement de gags autant visuels que portés par les dialogues. Todd Phillips prend pour cible ces comédies mièvres dont le seul but est de renforcer la puissance institutionnelle du mariage en déréglant le déroulement d’emblée et pousser les évènements jusqu’à leur paroxysme afin d’en révéler l’hypocrisie et éreinter les convenances et la bienséance. L’amour ne souffre d’aucune compromission, ne peut s’effacer face aux préjugés. Embringués dans des déboires de plus en plus excessifs, nos quatre larrons sauront tirer partie de leurs délires adolescents. A l’instar des comédies de ses compères Judd Apatow, Will Ferrel, Steve Carrell et consort, Very Bad Trip va bien au-delà du simple rire gras. La régression qui est leur marque de fabrique est toujours propice au questionnement et la mise à l’épreuve de leur statut social afin de s’en émanciper (une femme castratrice) ou au contraire prendre conscience de sa valeur (le lien qui unit à sa femme et son fils). Surtout, Very Bad Trip est une ode, excentrique certes, à l’amour. Attention pas de place pour la niaiserie d’un Hanté Par Ses Ex mais un dynamitage à base de gags scabreux, de détournements de référence (la relecture de la scène au casino de Rain Man) afin de livrer une comédie déjantée, hilarante et profondément humaniste. A voir absolument afin de mesurer le fossé avec la comédie à la française dont seul OSS 117 peut se targuer d’égaler l’excellence.

A noter, l’effort consenti par les responsables marketing chargés de franciser les titres américains dont le sommet restera la traduction de Don’t Mess With The Zohan en Rien Que Pour Vos Cheveux et qui là ont trouvé un titre presque digne de L’ouvreuse. Bon okay, ils ne l’ont pas fait exprès car si The Hangover est devenu Very Bad Trip c’est sans aucun doute par souci de rappeler une autre comédie (plus noire celle-ci) se déroulant à Las Vegas, Very Bad Things de Peter Berg. Digne de L’ouvreuse je disais, oui car dans le cadre d’une bonne cuite, il est fréquent que l’on soit victime de Very Bad Trippes…


Affiche Morse En attendant l’analyse en trois volumes de Vendetta (nd rédac chef : lol), petit retour sur un film qui a subjugué la plupart des rédacteurs de votre site lors de sa présentation à Gérardmer (non je ne dirai pas qui l’a trouvé moyen) (nd rédac chef : indice, il est breton), le magnifique Morse.

Une traduction qui passe à côté du cœur du film puisque la communication en morse ne constitue qu’un élément, certes important.

L’action se situe en Suède durant les années 80, dans une banlieue de Stockholm où vit Oskar, jeune garçon de douze ans qui voit emménager dans son immeuble un étrange couple composé d’une jeune fille de son âge et d’un monsieur qui semble être son père. Persécuté par ses camarades de classe, Oskar va rapidement se lier d’amitié avec Eli, leur statut d’exclus favorisant leur rapprochement. Oskar et Eli sont tous deux rejetés par leurs pairs, notamment à cause de leur physique, l’un est chétif et malingre tandis que la condition de vampire de Eli l’empêche d’avoir une relation autre que celle de prédateur/proie. Socialement en marge, Tomas Alfredson va s’ingénier à souligner leur isolement par le biais de cadrages les excluant de plus en plus du monde des adultes (Oskar et sa mère bien que présents ensemble à l’écran sont séparés par l’encadrement d’une porte). Ou plutôt, va construire un espace exclusif à nos deux amoureux et dont les adultes constitueront la principale menace.

Morse
Non, ce n'est pas une campagne de pub contre les violences envers les enfants. Juste une spectatrice après avoir vu le film de Chris Nahon


Morse n’est pas un film de vampire conventionnel puisqu’il utilise très peu la mythologie associée. Le vampirisme n’est pas le sujet du film, il ne sert qu’à définir la condition bestiale et justifier les apparitions de Eli. Alfredson utilisera la sensibilité au soleil pour une séquence esthétique de combustion spontanée et concentrera sa dramaturgie sur les conséquences de l’intrusion d’un vampire dans un lieu où il n’a pas été invité. Le film fonctionne définitivement à un niveau beaucoup plus intime, dépeignant avec finesse un amour total allant au-delà des genres puisque Oskar ne cesse d’aimer Eli même lorsqu’elle lui révèle qu’elle est immortelle car vampire et même lorsqu’il aperçoit fugacement une étrange cicatrice au niveau de son pubis. Je ne m’étendrai pas plus sur ce film de peur d’empiéter sur l’analyse à venir de Vendetta, je rajouterai simplement que la caméra d’Alfredson a su capter comme jamais les hésitations propres à la découverte de l’amour à douze ans. Une union définitivement scellée au cours de la séquence de la piscine, incroyable de beauté et d’intensité.

Deux films aussi différents qui méritent de rencontrer leur public (en salles ou en DVD) car traitant avec sincérité du plus beau sentiment qu’il soit.

7/10
THE HANGOVER
Réalisateur : Todd Philips
Scénario : Jon Lucas & Scott Moore
Production : Daniel Goldberg, Todd Phillips, Chris Bender…
Photo : Lawrence Sher
Montage : Debra Neil-Fisher
Bande originale : Christophe Beck
Origine : Etats-Unis
Durée : 1h40
Sortie française : 24 juin 2009







8/10
LET THE RIGHT ONE IN (LÅT DEN RÄTTE KOMMA IN)
Réalisateur : Tomas Alfredson
Scénario : John Ajvide Lindqvist
Production : Frida Asp, Gunnar Carlsson, Ricard Constantinou…
Photo : Hoyte Van Hoytema
Montage : Tomas Alfredson & Daniel Jonsäter
Bande originale : Johan Söderqvist
Origine : Suède
Durée : 1h54
Sortie française : 4 février 2009




   

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