Gérardmer 2012 : Pastorela
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- Bobine minute par Pierre Remacle le 27 janvier 2012
Habemus tatane
Chucho est un policier d’élite qui met un point d’honneur à participer chaque année à la “pastorela” (petite pièce de théâtre traditionnelle au Mexique) de sa paroisse.
Quand il s’agit de jouer le diable, personne ne lui arrive à la cheville. Du moins jusqu’à cette année. Car le nouveau prêtre ayant récemment repris les rênes de la congrégation tient à marquer son territoire et donne directement le rôle de Satan... au meilleur ami de Chucho. Les conséquences de cette décision vont très vite s’avérer catastrophiques pour tout le monde.
Difficile, voire impossible de ne pas penser aux délires d’Alex de la Iglesia à la vision du film parfaitement déjanté du jeune réalisateur Emilio Portes, repris ici dans la compétition officielle du festival. On y retrouve effectivement le ton profondément irrévérencieux et iconoclaste du metteur en scène ibérique. C’est bien simple, toutes les institutions et les grandes figures d’autorité en prennent pour leur grade dans Pastorela : ne citons que le prêtre indigne décédant en pleine confession (très) intime avec une bonne sœur ou les policiers tortionnaires et joyeusement corrompus. Mais au-delà de cette évidente filiation, ce qui retient surtout l’attention dans Pastorela est la facilité avec laquelle Portes jongle entre fantastique (d’abord discret, puis omniprésent) et humour débridé jouant sur plusieurs niveaux, ces deux domaines se complétant à la perfection en un final littéralement dantesque.
Grâce à un travail d’écriture que l’on devine extrêmement soigné, Portes nous livre un récit aussi fluide que rythmé, au scénario à la fois imprévisible et pourtant dominé par une implacable logique interne. Cerise inattendue sur le gâteau, Portes se permet le luxe d'une référence aussi directe que subtile au fabuleux Exorciste de Friedkin. Bref, vous aimez les Cardinaux qui mangent du pop corn devant une cérémonie liturgique ? Vous trouvez normal que des liasses de billet de banque explosent dans la main des personnes qui se sont laissés corrompre par celles-ci ? L’idée de dépecer un père Noël ne vous choque pas plus que ça ? Ne cherchez plus, vous avez trouvé votre bonheur.