Gérardmer 2012 : Babycall
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- Bobine minute par Nicolas Bonci le 30 janvier 2012
Le cas Rapace
Dernier film présenté en compétition, Babycall du Norvégien Pål Sletaune rafle le Grand Prix et le Prix de la critique.
Anna (Noomi Rapace), mise sous tutelle par les services sociaux, emménage avec son fils dans un bloc de béton morose qui rappelle de loin un immeuble. Paniquée à l'idée que son mari violent se radine, elle achète un babyphone pour garder une oreille sur le rejeton en permanence. Très vite, enfin, vite, enfin, à un moment, des sons étranges sortent de l'engin...
Il existe pléthore de légendes urbaines autour du babyphone, fatalement mises à l'oeuvres dans quelques bandes d'exploitation. C'est dans un cadre plus social, mais asséché par une rigueur trop académique que Sletaune (prix de la semaine de la critique à Cannes 97 avec Junk Mail) transpose la chose. Choix qui semblent pertinents durant une bonne partie du métrage, la mère complètement paumée, marquée par la vie, est à même de mentalement sombrer dans les verticales qui l'entourent, l'oppressent (d'ailleurs la fin découle de ces hauteurs...). L'entrée de son nouvel appartement est ainsi shooté toujours sous le même angle, murs, passages et encadrements de porte fournissant au réal plusieurs couches de rais ornementant son image et asphyxiant ses personnages. Les lieux qui apaisent Anna sont en toute logique plus versés dans l'horizontalité (en particuliier un lac).
Désireux de dépasser son postulat de départ assez classique, Sletaune s'embourbe à mesure que les bobines passent dans un récit à plusieurs niveaux qui se laisse suivre grâce à la plastique correcte de son métrage, mais qui nécessitera un épilogue à rallonge bien qu'insuffisant pour éclaircir les questions que le spectateur ne manquera pas de se poser une fois la clef du mystère révélé. Car à l'image de son rythme défaillant, Babycall en dit parfois trop ou pas assez, diluant le mystère et renforçant la présemption d'incohérences.