A l'affiche - Semaine 19
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- Bobine minute par l'ouvreuse le 7 mai 2012
Social club
Tyrannosaur, très prometteur premier long de l’acteur Paddy Considine (le détective de Blitz, le premier Andy de Hot Fuzz) s’installe dans une continuité avec les aînés du cinéma social britannique, tout en testant le point de non-retour de ses Hommes laissés pour compte.
S’il se perd parfois dans le misérabilisme, Considine a l’intelligence de placer le propos sur une crise de la communication au sein du microcosme, par le biais de deux points de vue marqués de personnages enfermés chacun dans leur prison (intérieure pour l’un, sociale pour l’autre). Pour cela il est soutenu par de remarquables acteurs. Bien qu’habitué à ce genre de rôles, Peter Mullan est transfiguré en quinqua victime d’accès de violences incontrôlables qui foutent sa vie en l’air. Olivia Colman, qu’on a peine à relier à la fantasque fliquette de Hot Fuzz, investit corps et âme son personnage de chrétienne qui cache son désespoir derrière les apparences de la charité. Si leur rencontre paraît de prime abord anecdotique, elle dénote avec le chaos qui enveloppe un film où l’unique éclair positif se déroulera au moment de funérailles.
Dans un univers de violences banalisées, les moments où cette femme vient en aide à cet homme résonnent très fort, même si ils ne se fondent pas sur des effusions ou s'ils n'ont aucune suite sur la résolution des problèmes. Ils résonnent d’autant plus que ce n’est pas forcément celui que l’on croit qui a le plus besoin d’aide.
Guénaël Eveno
Tarsem Singh reviendrait-il payer son tribut aux mythes par le biais du célèbre conte de Blanche-Neige, ou bien Brett Rattner aurait-il flairé l’opportunité d’un réalisateur au style visuel très marqué pour faire passer le projet d’une Blanche-Neige hype ? On se situe quelque part entre les deux.
Cette version est agréable à voir. Même si loin de la beauté des précédents tableaux offerts par Tarsem dans The Fall, The Cell ou Les Immortels, le film possède une identité visuelle reconnaissable. Cette version moderno-sociale du conte baigne dans la comédie, et les situations font souvent mouche par le décalage qu’ils opèrent avec le récit classique, lorgnant par moments dangereusement sur Robin des Bois. Dommage que ces moments se doublent trop souvent d’un humour potache et d'un modernisme qui prend de haut le merveilleux du conte. Dans les mains d’un autre réalisateur, on aurait pu avoir du mauvais Mel Brooks. Ici, la casse est limitée.
Guénaël Eveno