Un Amour De Jeunesse

The first cut is the deepest

Affiche Un Amour De JeunesseDans son troisième film, Mia Hansen-Løve (au nom prédestiné) décrit un amour absolu. Une absolue passion qui perdure par-delà des ellipses élégantes esquissant la jeunesse de Camille (Lola Créton, meilleur espoir féminin) et son amour pour Sullivan, puis Lorenz.


C'est un amour pudique et sans peur qu'envisage la cinéaste : un amour total dans son premier temps, un amour prudent dans son second. De l'adolescence à l'adulescence, Camille vit dans l'instant, s'abandonne au monde dans une confiance aveugle avant de tenter de l'abandonner. Dans un montage remarquable où le sens est souvent éclatant, Camille expérimente, tente et se trompe. De la grise Paris aux rayons mordorés de l'Ardèche, la photographie de Stéphane Fontaine sublime la relation amoureuse des deux jeunes gens, Camille et Sullivan, archétypes d'un premier amour inégalable et désespérément profond.

           

Cette mise en valeur de l'irréconciliable, du terriblement beau, est rare car infiniment sensible. Les émotions sont dans le film des personnages qui gravitent autour des humains, on préférera d'ailleurs ce terme "émotion" à "sentiment", trop faible et trop faux. Ce que Mia Hansen-Løve touche du doigt, modèle en quelque sorte, c'est la vérité de l'attachement humain, de la relation fusionnelle au manifeste de l'incomplétude. Cette vision rimbaldienne des relations humaines est déchirante de beauté bien que curieusement réservée, comme si le romantisme risquait sans cesse de détruire l'équilibre fragile du scénario.

Que dire de Lola Créton ? Exquise nymphe dans l'amour heureux, elle passe du bonheur au désespoir avec une facilité exagérément humaine, condensé de joie et d'effroi. On survolera alors le creux du film (un brin trop long) où la blessure se cicatrise lentement suite à la découverte d'un avenir possible. On se concentrera plutôt sur ces moments de grâce où le cinéma français tel qu'il pourrait être brille de mille feux.

Un Amour De Jeunesse
 

Il y a également un soin méticuleux porté au détail. Les métaphores sont simples, reliquat matériel de la relation : un chapeau de paille qui couvrira une araignée avant de se perdre dans le courant d'une rivière, des mots répétés au sens changeant... Ce sont autant de signes que sème Mia Hansen-Løve au gré des péripéties de son héroïne (sans doute plus proche de son histoire personnelle qu'elle n'osera l'avouer).

Paradoxalement, celle-ci est aussi le point de limite du film car l'empathie n'est pas gonflée artificiellement (comme ailleurs par une musique persistante ou une victimisation excessive – on pense ici au traitement de Once de John Carney).

Parfois irritante, Camille refuse en fait de subir le scénario, s'émancipant de la page et du personnage pour prendre vie sous nos yeux. Une femme, toutes les femmes, brûlante de vie et d'envie, lumineux objet du désir d'un film tendre, doux et sincère.
8/10
UN AMOUR DE JEUNESSE

Réalisatrice : Mia Hansen-Løve

Scénario : Mia Hansen-Løve

Produit par : Philippe Martin, David Thion, Gerhard Meixner & Roman Paul

Photographie : Stéphane Fontaine

Montage : Marion Monnier

Origine : France

Durée : 01h50min

Sortie Française : 6 juillet 2011




   

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