Musée Haut, Musée Bas

Ça c'est pas-Palace-les-flots

Affiche Musée Haut, Musée Bas

Oui, aujourd'hui le jeu de mot est pathétique. Mais après avoir enduré les 90 minutes de visite muséale de Jean-Michel Ribes, je tenais à mettre le peu de notion d'humour et d'esprit qui me restait pour rendre un petit hommage à la série qui me fit découvrir le bonhomme.

Après quinze ans d'absence au cinéma (depuis Chacun Pour Toi avec Dupontel et Jean Yanne en ancêtre de Zohan), l'auteur de Palace y revient. Par contre devant le désastre de la chose les spectateurs, eux, n'en reviennent pas. 

Musée Haut, Musée Bas, c'est une esthétique entre le vulgaire et le kitsch 80's (donc vulgaire) dans laquelle tout le cinéma français (on voit que le film est produit par le roi des agents Dominique Besnehard) vient s'amuser à interpréter un panel de beaufs et de snobs visitant un immense musée, vision cauchemardesque d'un Beaubourg géant, supermarché de la culture dans lequel les grands noms de la peinture sont des parkings. S'étalent donc durant 90 longues minutes tout ce que l'on compte de vedettes tentant de traduire de la manière la plus théâtrale possible, donc ridicule, les brèves de musée du sieur Ribes. Brèves et mots d'auteur qui échouent tous dans leur logique absurde tant l'écriture est prévisible. Exemple : une femme achète deux mugs illustrés par des chef-d'œuvres de la peinture : "On m'a assurée qu'ils passaient à la machine à laver" qu'elle dit. "Ça m'étonne pas, ce sont deux grands artistes" lui répond sa copine. 
Quand ils ne sont pas dignes d'un sketch de Charlotte de Turckheim ou moteur de running gags désolants (les étrangers ne savent pas prononcer "Paul Gauguin" et apparemment c'est mal, les enfants ne font que courir et hurler comme des abrutis), les dialogues sont si alambiqués que lorsqu'on en arrive aux chutes, on se demande si on n'est pas un peu ivre : en effet personne n'est assez bête pour croire que "Il prenait le bus Picasso ?" ou "L'hygiène bucco-dentaire des bâtiments historiques est très bonne en France" peuvent découler de lignes écrites pour des personnages dotés d'un minimum de jugeote. Les répliques ne faisant jamais mouche, on considère bien vite les personnages comme des cons finis, mais le projet ne proposant rien d'autre qu'une critique (de quoi, on ne sait pas), on en vient rapidement à penser que l'auteur et sa bande prennent simplement les gens qu'ils mettent en scène pour des cons. Ce qui ravira le public des musées.


Musée Haut, Musée Bas
- C'est pourtant vrai : si mon inspiration vient d'en haut, elle finit toujours en bas, là.


Alors, quel était le but de la manœuvre ? Dénoncer les maousses expo grand public et les musées hors normes obligeant leurs visiteurs à découvrir les œuvres au sprint et donc à ne rien voir, ne rien apprendre ? Moquer les travers de l'art contemporain qui encense galeries de pénis, assassinat par strangulation d'une mère envahissante en direct et artiste faisant de son public sa propre œuvre d'art (une auto-critique de Ribes peut-être…) ? Probablement. Or voilà, l'intention est une chose, le traitement une autre. Traits d'esprits faisandés et interprétations à côté de la plaque donnent un spectacle si affligeant que l'on s'éloigne grandement de la démonstration par l'absurde de nos comportements modernes à la Tati (auquel on pense à travers la caricature des décors et l'exubérance des personnages). Cette Arche Russe à la française, si elle est tout aussi chiante que la carte postale technique d'Alexandre Sokourov, aurait grandement gagné à s'élever au même niveau d'érudition si le propos initial était de démontrer la vacuité des musées-usines. Car comme pour les dialogues, les références culturelles sont ici faciles ou gratuites : ce n'est pas en plaçant deux naines dans le parking Velasquez que le film, l'auteur, son discours ou son public en ressortent grandis. C'est un peu le combat du vide contre le vide auquel on assiste, et à cette ringarde pantalonnade dans laquelle le cinéma français nous invite bruyamment à éviter les musées (les gens d'en bas y dérangent ceux d'en haut), on préférera la critique tout en esprit et en finesse d'un Art de Yasmina Reza.

"Du toc, la campagne, de l'art mal copié" lance Lucchini dans ce qui reste la meilleure réplique du film. Musée Haut, Musée Bas, c'est ça, du toc, mais sans l'air frais de la campagne.


PS : On appréciera au passage Aurélien Ferenczi qui ne peut s'empêcher de montrer comment nous autre Français sommes bien plus cultivés que ces abrutis de ricains qui font rien que des sales films de monstre dans les musées. "Pays de Descartes et Bourdieu" Vs. Relic… Mais what the fuck….

PS 2 : C'est étonnant, la moitié des commentaires donnant quatre étoiles sur quatre proviennent d'internautes inscrits depuis seulement quelques jours. 

2/10
MUSÉE HAUT, MUSÉE BAS
Réalisateur : Jean-Michel Ribes
Scénario : Jean-Michel Ribes
Production : Gilles Legrand, Frédéric Brillion, Dominique Besnehard…
Photo : Pascal Ridao
Montage : Yann Malcor
Bande originale : Reinhart Wagner
Origine : France
Durée : 1h33
Sortie française : 19 novembre 2008




   

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