La Fille Coupée En Deux
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- Critique par Nicolas Bonci le 15 août 2007
Marie-Antoinette ?
Après La Demoiselle D'Honneur et L'Ivresse Du Pouvoir, Chabrol s'intéresse de nouveau au destin d'une femme d'influence. La première, Senta, exerçait une certaine forme de contrôle sur son amant du simple fait de son attitude passionnelle. La deuxième, la juge ivre Killman, recherchait à posséder toujours plus de pouvoir, grisée par l'autorité de sa fonction. Ici, la jeune héroïne, Gabrielle, exerce un pouvoir malgré elle qui charme tout son entourage.
L'ironie chabrolesque implique qu'en toute logique cette dernière, inconsciente de son "don", ne cherche jamais à en tirer profit, ne serait-ce qu'avec le directeur de la chaîne de télé dans laquelle elle travaille, qui ne cesse de lui faire du gringue en échange d'un plan de carrière plus intéressant. Cette naïveté, ou innocence, la perdra. Mais, du fait de son influence, cela perdra surtout ses prétendants.
Chabrol, comme à son habitude, brocarde la société bourgeoise, l'égoïsme libertaire (à travers François Berléand reprenant quasiment son rôle de Romance), un peu la télévision (moins cyniquement que dans Masques malgré tout), saupoudré des indices habituels (noms des personnages, utilisation des couleurs, etc.). On évitera donc tout marronnier thématique pour mieux pointer du doigt la structure du métrage qui détonne quelque peu. Tout en ruptures de rythme et de ton, Chabrol semble vouloir imprégner à son film la même aura que son héroïne, c'est-à -dire avoir une maîtrise non consciente des évènements (désamorçage rapide de tout suspense ou tension mis en place) et fatalement en subir les conséquences de plein fouet : le climax est évacué pour mieux étendre les séquences qui suivent, allant jusqu'à montrer une interview de l'avocat de l'époux de Gabrielle qui n'apporte strictement rien au récit ni à la dramaturgie, si ce n'est montrer que ses actes envahissent son univers, la télévision. Si le traitement a posteriori peut s'avérer curieux et original, le visionnage n'est pas franchement des plus agréables, le spectateur devant s'adapter à un montage complètement arythmique dénoué de toute dynamique dramatique.
La question est donc de savoir si c'est un Chabrol mineur, ou un exercice majeur.
L'instant critique.
LA FILLE COUPÉE EN DEUX
Réalisateur : Claude Chabrol
Scénario : Claude Chabrol & Cécile Maistre
Production : Patrick Godeau
Photo : Eduardo Serra
Montage : Monique Fardoulis
Bande originale : Matthieu Chabrol
Origine : France / Allemagne
Durée : 1h55
Sortie française : 8 août 2007