Gérardmer 2015 : Cub

Tous les scouts sont permis

Affiche Cub

Lors du discours d'introduction à son long-métrage présenté en compétition officielle, Jonas Govaerts a été clair : Cub est avant tout un hommage à un état d'esprit caractéristique des années 80.


Force est de constater que cette déclaration n'est pas de la frime : avec son histoire simple mais implacable de scouts traqués par un tueur sans merci, Govaerts renoue avec la hargne sans complexe d'une époque qu'on croyait révolue. Des personnages forts servis par des acteurs qui y croient (mention spéciale au gamin Maurice Luijten, proprement bluffant), un scénario n'hésitant jamais à donner dans le politiquement incorrect, des séquences d'action enthousiasmantes (dont certaines gentiment gores), le tout sur un rythme soutenu : welcome back in 1985 ! Même la musique, carpenterienne en diable, nous replonge dans cet âge d'or du cinéma de genre. Si on ajoute un discret clin d'œil référentiel faisant penser que Stephen King a décidé de passer un week-end détente dans les Ardennes belges, il est évident que notre jeune metteur en scène a bon goût.

Cub


L'esprit louable de cette démarche de retour aux sources aurait été un peu vain si la mise en scène et l'écriture n'avaient pas suivi. Heureusement, Govaerts rassure, techniquement carré, propre et lisible, se permet de mettre en scène des pièges d'une redoutable inventivité (dans le but de neutraliser l'intrus en lui occasionnant le plus grand dommage physique possible). Sur le fond, Jonas Govaerts (co-auteur du scénario) fait montre d'une rigueur étonnante pour un premier long. Ainsi, il n'hésite pas à aborder de front la thématique peu évidente de l'enfance martyrisée sans jamais paraître pesant ou ampoulé. Au contraire, le ton choisi est un bel exemple d'équilibre entre jusqu'auboutisme (il ose une scène carrément impensable... et pourtant parfaitement justifiée), humour et noirceur. Le monde de l'enfance nous est ainsi présenté de manière crue, sans cacher la moindre des violences (physiques, mentales, émotionnelles) qu'il est capable d'infliger. Le personnage du jeune Sam et son rapprochement progressif vers le seul être qui cherche réellement à le comprendre sans idées préconçues sonnent particulièrement justes.



L'inéluctabilité du dénouement (annoncé dès les premières minutes) n'en est que plus douloureuse. Et Govaerts de boucler la boucle avec la confrontation finale de Sam et son alter-ego dans un puits de boue et de déchets. Si on se doute bien de qui se cache derrière le masque de l'être nouveau émergeant de ce trou infect, sa révélation n'en est pas moins sinistre. La meute a refusé un louveteau. Il n'est que justice que ce dernier adopte un autre clan, qui a su reconnaître et utiliser ses talents. Reste à savoir si le jury du festival de Gérardmer saura faire de même avec Jonas Govaerts.

Cub de Jonas Govaerts, sortie française : inconnue




   

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