The Descent 2
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- Critique par Nicolas Zugasti le 23 octobre 2009
Grosse grotte
Comment enchaîner de manière cohérente après l’éreintant The Descent de Neil Marshall qui s’achevait sur l’héroïne prostrée au fond des tunnels de l’enfer ? Jon Harris s’en contrefout ! Et d’une certaine manière Marshall aussi puisqu’il participe à la production de la chose. Ah, c’est beau l’intégrité artistique…
Déjà , l’existence de deux fins différentes suivant les zones d’exploitation laissait songeur et dénotait une certaine arrière pensée marketing désagréable. Mais bon, un état de fait finalement pas trop grave pour nous européens qui avions eu la chance de bénéficier de cette fin sublime de désespoir. Non, le gros souci vient du fait que pour justifier l’existence d’une séquelle, ils se sont appuyés sur le montage américain qui se terminait lorsque la dernière survivante, Sarah, parvenait à s’extirper des entrailles de la terre, en sang et irrémédiablement traumatisée. Voilà donc Sarah récupérée par un bon vieux redneck en pick-up, hospitalisée et forcée de retourner dans les profondeurs avec une équipe de sauvetage. Et pour éviter que la Sarah soit trop réticente à remettre les pieds dans ces galeries, on l’affuble d’une amnésie bien pratique qui possède également la capacité de la rendre amorphe. A moins que se ne soit les médicaments ingurgités censés la faire dormir...? Pas très prudent de faire de la spéléo complètement shootée, non ? Passons. Cette joyeuse bande est complétée par un shérif complètement à la ramasse et son adjointe.
Des personnages stéréotypés à souhait dont on se fout complètement (le réalisateur aussi, ça tombe bien !) et qui ne serviront que de prétextes à des effusions d’hémoglobine. Tandis que Marshall avait construit son film sur l’inimité grandissante entre les six copines qui allait bien vite se transformer en animalité exacerbée par la claustrophobie et l’oppression de galeries inconnues, Harris lui se contente de recycler certains ingrédients pour livrer une sorte de slasher souterrain où le boogeyman est ici remplacé par une meute de crawlers bien véner. A l’horreur tapie dans le hors-champ ou dans la profondeur du cadre indiscernable, Harris opte pour la surexposition des monstres et les entrées dans le champ perpétuelles prodiguant des sursauts mécaniques et sans saveur. Parfois à la limite de la lisibilité dans le premier, le montage de Harris est ici encore plus syncopé et rend impossible la compréhension des actions comme la gestion de l’espace
Les questionnements du précédent métrage sur l’éthique de la survie, la culpabilité et l’étude de caractère viscérale sont ici évacués sans ménagements. De sorte qu’il ne subsiste qu’un salmigondis d’images s’entrechoquant et déversant ça et là des plans gores plus ou moins craspecs mais rien de dérangeant ou de viscéral.
Mais le pire des renoncements est atteint avec la réapparition de June qui en toute logique devrait être morte. Mais quitte à verser dans le grand n’importenawak, autant y aller à fond, après tout. Ceci dit, on ne crachera pas trop sur cette improbable résurrection tant c’est un réel bonheur de revoir l’affriolante Nathalie Mendoza dans sa combinaison rouge… Donc June a survécu et passe le temps à transpercer le crâne des crawlers à coups de piolet ou à se planquer, histoire de rigoler un peu. Avec ce retour miraculeux, on caresse l’espoir de voir éclater in fine toute la rage des deux survivantes dans un duel final homérique. On a bien une amorce d’empoignade mais elles se contentent de se crêper gentiment le chignon et se rouler par terre. Non, Harris propose quelque chose de beaucoup plus intéressant et original, la rédemption pour ces deux sauvageonnes qui finiront par se pardonner l’une l’autre ! Jusqu’au bout, il se foutra de notre gueule, jusu’au bout !
Je sais bien que dans ce genre de produit, il est peu envisageable d’échapper au formatage dégénérescent mais qu’au moins ils proposent un film efficace et bien troussé. Le plus regrettable est de voir un fleuron britannique du genre se transformer en boursouflure ricaine, abandonnant ainsi l’âpreté qui caractérise généralement leurs films (Eden Lake, The Children). J’aurai pu mettre en exergue la séquence totalement what the fuck où un crawler se positionne en surplomb pour déféquer dans la fosse d’excréments dans laquelle baigne Sarah et l’adjointe du shérif mais elle ne fait que souligner le respect porté au genre par un réalisateur qui durant 1h30 nous aura chié à la gueule. Autrement dit, The Descent 2 est à The Descent ce que Hadopi est aux internautes...
THE DESCENT: PART II
Réalisateur : Jon Harris
Scénario : J. Blakeson, James McCarthy, James Watkins
Production : Christian Colson, Neil Marshall, Paul Ritchie, Paul Smith...
Photo : Sam McCurdy
Montage : Jon Harris
Bande originale : David Julyan
Origine : Angleterre
Durée : 1h34
Sortie française : 14 octobre 2009