Facepalms académiques

A big Fémistake

Goddam facepalm

Il y a deux ans, nous concluions notre article sur le rapport du Club des 13 en nous désolant qu'un si bon et salutaire travail se raccrochait finalement à l'évidence indiscutable (et indiscutée) que le cinéma français regorgeait naturellement de talents.


Un postulat agaçant permettant de rejeter toutes les fautes sur le "système" (c'est le système qui tient les caméras ?), interdisant de facto d'interroger les compétences de ceux qui huilent ce système, et des jeunes forces vives qui en sortent.

Lundi dernier, Télérama profitait des soubresauts qui agitent la prestigieuse Fémis depuis le printemps 2009 pour produire un édifiant état des lieux de la formation des futurs professionnels du cinéma. Entre ras-le-bol général des étudiants et paniques des responsables face au rapport Miller, les langues se délient miraculeusement. Pour le plus grand malheur de nos fronts.

Retour sur ces "révélations" fracassantes en 9 facepalms.


Thomas, élève en dernière année : "
On se retrouve à tourner des films autour desquels toute la pédagogie va ensuite s'articuler, sans avoir reçu d'autres cours que de vagues modules théoriques."

Jean-Paul Civeyrac, directeur du département réalisation : "On apprend à faire des films en les faisant."

Facepalm!
 

Et on apprend à lire en regardant un livre ? A écrire en gribouillant un cahier ? A composer de la musique en tambourinant sur un djembé ?

Roy, étudiant en 3ème année : "En ce moment, on est censés réaliser une fiction en 35 mm. Mais personne ne nous a jamais rien enseigné sur ce format."

Facepalm!
 

Le 35mm, c'est comme la DV on t'a dit. Ça s'apprend pareil.

Stylianos, ancien diplômé : "En quatre ans, on n'a pas eu un seul cours de découpage de scènes."

Jacques Bidou, producteur : "
Tout se passe comme si un metteur en scène pouvait faire l'économie d'un minimum de connaissances en matière de lumière, de mixage ou de scénario."

Facepalm!
 

Marion, étudiante de 3ème année : "Un jour, le cinéaste palestinien Elia Suleiman est venu pour parler du mixage de son dernier film. Je voulais assister à son intervention mais comme je ne suis pas une élève du département son, je n'en ai pas eu le droit..."

Facepalm!
 

Léa Fehner, ancienne diplômée, "se souvient surtout de la diversité des projets rencontrés" : "Dans la même promo, l'histoire d'une femme confrontée à une saisie d'huissiers pouvait côtoyer un projet de film d'époque sur une courtisane ou une immersion documentaire dans le monde du bridge..."

De la diversité, ça ?

Facepalm!
 

Stylianos, ancien diplômé : "Pour des questions de conditions de production, il est toujours plus commode de faire un film sur l'inceste dans un appartement parisien qu'un polar en banlieue."

Facepalm!
 

Marc Nicolas, directeur : "Donner le pouvoir à un praticien du cinéma, c'est prendre le risque de distinguer une chapelle, et ainsi de mettre en péril l'enseignement du cinéma dans sa diversité."

Facepalm!
 

Oui, c'est bien connu, les étudiants, et les gens en général, sont vraiment trop stupides pour avoir leur propre personnalité. Tout enseignement aboutit fatalement à du formatage, vaut mieux donc ne rien enseigner. Sinon il y a toujours la solution d'enseigner comment s'échapper du formatage.

"La Fémis, un repaire de fils et filles de ? Si le très sélectif concours d'entrée a toujours privilégié les milieux aisés, l'école le jure, ça va changer. Pour diversifier les profils socioculturels de ses étudiants, elle a lancé en 2008 un programme « Egalité des chances » à destination des élèves issus des zones d'éducation prioritaire."

Facepalm!
 

Le monde selon la Fémis se répartit donc ainsi : ceux qui peuvent claquer 10 000 euros par an pendant cinq ans, et les ZEP.

Marc Nicolas, directeur : "A part ça, l'école va mal…"

Facepalm!
 


On savait le système devenu contre-productif, maintenant on sait que la formation est sur la même voie.
Vivement qu'on nous explique que c'est la faute au téléchargement !