La Personne Aux Deux Personnes + Chronique Des Morts-Vivants + Seuls Two

Un jour sans clim

Affiche La Personne Aux Deux Personnes

Pour ce premier jour de fête du cinoche, je me suis enchaîné dans l'ordre : La Personne Aux Deux Personnes, Diary Of The Dead : Chronique Des Morts-Vivants et Seuls Two. Et première constatation : ils sont super radins sur la clim à l'UGC Bercy.



LA PERSONNE AUX DEUX PERSONNES
Je sais que je suis un peu tout seul dans ce cas là, mais je ne suis pas méga-fan d'Alain Chabat. Je le trouvais très bon à ses débuts, quand il jouait le gars super sérieux dans La Cité De La Peur. Ca me faisait marrer. Et depuis dix ans, plus rien. Entre ses doublages de dessins animés pourraves, ses films prétextes à faire la teuf avec ses potes de Canal au détriment du produit fini et ses collaborations avec l'abominable donneuse de leçon Agnès Jaoui, il faut dire que j'avais un peu perdu espoir.

Contre toute attente, La Personne Aux Deux Personnes vient contredire mes craintes puisque c'est le meilleur film auquel il a pu participer depuis bien longtemps. Non pas que ce soit un chef d'oeuvre, loin de là, mais voilà enfin une vraie comédie qui raconte une histoire marrante, tout en développant des thématiques vraiment profondes. Le personnage principal, employé parmi tant d'autres d'une société parmi tant d'autres, se révèle au fur et à mesure des événements complètement broyé par le système. Notamment lors d'une scène de rêve à la fois drôle et glaçante ou Chabat et Auteuil dézinguent en chantant les employés de la Cogip au shotgun. Les fantasmes glauques du personnage, véritables pulsions refoulées par la pression sociale (oui, moi aussi je regrette Opé Frisson) qui écrase l'individu dans les normes : ne pas fumer, ne pas boire, ne pas baiser, se coucher tôt... "makes a man healthy wealthy and boring" comme dirait l'autre. Tout ceci menant inévitablement à la folie pure et dure. Bref, ça ne m'étonnerait pas d'apprendre que Nicolas ou Bruno aient été psys avant de doubler des films d'entreprise.

La Personne Aux Deux Personnes

Et c'est la musique, l'art quoi, qui permet au personnage de se libérer un peu de tout ça, via le personnage de chanteur ringard interprété par Chabat. Encore l'influence d'Un Jour Sans Fin, ou Bill Murray trouvait enfin la paix de l'âme dans la sculpture sur glace et la pratique du piano ?

Évidemment, comme on pouvait s'y attendre, on retrouve tout ce qu'on aimait chez les créateurs des Messages A Caractère Informatif. Ambiance rétro années 70-80, avec tout ce qu'il faut de minitels, de tapisseries vertes/oranges, de bureaux tous gris et autres employés modèles. Pour le meilleur (l'hilarante chanson à la gloire de la Cogip, les fautes de syntaxe volontaires) et pour le pire (les dialogues caricaturaux de Marina Foïs bourrés d'anglicismes, le jeu mou des acteurs).

On regrettera aussi le manque d'exposition avant l'élément déclencheur, et le fait que le héros ne change pas radicalement à la fin du film (qu'il ne mette pas le feu à la Cogip, quoi !) Je soupçonne les producteurs d'avoir délibérément laissé le personnage peu changé pour pouvoir placer le caméo de fin de film.
Malgré tout, La Personne Aux Deux Personnes est une vraie comédie à l'américaine, mais en moins lisse et donc avec un style à elle. Espérons que le cinéma français persévère dans cette voie là...


Affiche Chronique des Morts-VivantsDIARY OF THE DEAD : CHRONIQUE DES MORTS-VIVANTS
J'ai récemment entendu certains déclarer que Romero reprenait opportunément la mode des faux documentaires du moment dans son dernier opus. Une critique pour le moins insultante pour celui qui justement a amené cette approche docu dans La Nuit Des Morts-Vivants en 70 (même si à l'époque le caméraman ne faisait pas partie de l'histoire.) Si c'est bien le seul truc qu'on ne peut pas reprocher au film, c'est bien ça ! Il me semble évident que Romero boucle ici la boucle, terminant son film comme il avait finit le premier sur une note désespérée. Le problème c'est qu'ici, ça sonne pessimisme à deux balles. Et que l'approche docu façon [Rec] est complètement foirée parce que pas justifiée.

Chronique Des Morts-Vivants

Situé quelque part entre Scream 3 et Redacted, Diary Of The Dead partage avec ce dernier le même dispositif de montage de vidéos YouTube, de films d'étudiants et de caméras de surveillance... Mais sans le soucis du détail propre à De Palma. Comme lui, Romero en profite pour exposer la même théorie sur les images et le mensonge. Le problème c'est que contrairement à ses précédents films, dans Diary il faut que l'histoire s'arrête pour qu'on se tape une séquence montage avec voix off qui nous explique la vie. En gros Internet c'est pas bien, y'a trop de points de vue, limite l'égalité ça fait chier. Un peu plus subtil est son discours sur le remplacement progressif de l'image sur la réalité. Un personnage, étant probablement tombé sur la page Wikipédia de Jean Beaudrillard, n'arrête pas de répéter que "si c'est pas filmé, ça n'est jamais arrivé". La voix off rappelle que filmer protège celui qui filme, le rend insensible, voire cynique. Ou alors Romero joue sur la confusion sur le verbe "to shoot", qui veut à la fois dire "filmer" et "flinguer", pour montrer que la caméra est une nouvelle arme. Mais encore une fois, le fait que tout ceci passe par le dialogue et la voix off rend ces idées un peu vaines (comme le clip de Justice, quand j'y pense...) D'autant plus que le scénario ne tient jamais debout, donnant l'impression que le film a vraiment été écrit et réalisé par le réalisateur débutant à l'intérieur du film ! Si c'était le but, alors bien ouéj George, mais j'ai comme l'impression que c'est pas le cas...
 

Affiche Seuls TwoSEULS TWO
Encore une comédie fantastique française ! On ne va pas s'en plaindre, c'est un genre un peu plus bandant que la comédie française tout court. Seuls Two ressemble parfois à du Chuck Jones sans la puissance minimaliste (le schéma basique poursuivant / poursuivi, les gags cartoonesques à base de tuyaux et de flèches), parfois aux Monty Pythons mais sans l'intelligence. Comme d'habitude chez les deux comiques, ça ne vole pas haut, et pour un bon gag il faut s'en taper une bonne dizaine de complètement consternants. As usual, le film déborde de dialogues à rallonge, d'hésitations semi-drôles, de tentatives burlesques plus ou moins (plus plus que moins) ratées. Néanmoins malgré ses défauts, Seuls Two est le meilleur film que j'ai pu voir d'eux (à côté des Daltons, en même temps c'est pas dur...), ne serait-ce que techniquement. Image et son impeccables voir même inventifs : quand le héros tape un digicode, ça fait le thème musical du film. Quand ils sont sur les toits de Paris, la tour Montparnasse entre dans le postérieur d'Eric selon le point de vue de Ramzy (doit on comprendre qu'ils se mettent leur premier film là ou le soleil ne brille plus ?) Et les fameuses scènes de Paris désertique sont franchement réussies. Bref, tout ça est vraiment surprenant pour une comédie française, bien qu'on l'imagine tout de même pensée pour le marché international (tour Eiffel + Kristin Scott Thomas = $$$). Le logo de la Warner qui ouvre le film y serait-il pour quelque chose ?

Seuls Two

Enfin sachant que Seuls Two est le premier film réalisé par Eric et Ramzi, et qu'on dit que les premiers films sont systématiquement autobiographiques, une question reste en suspens : si les deux héros vident la France de ses habitants quand ils se fâchent, cela veut-il dire que les deux acteurs vident les salles quand ils se fâchent dans la vraie vie ?

Allez hop j'y retourne !

6/10
LA PERSONNE AUX DEUX PERSONNES 
Réalisateur : Nicolas & Bruno
Scénario : Nicolas & Bruno
Production : Alain Chabat
Photo : Laurent Dailland
Montage : Reynald Bertrand
Bande originale : Nicolas Errèra
Origine : France
Durée : 1h27
Sortie française : 18 juin 2008







4/10
DIARY OF THE DEAD 
Réalisateur : George A. Romero
Scénario : George A. Romero
Production : Ara Katz, Art Spigel, Peter Grunwald…
Photo : Adam Swica
Montage : Michael Doherty
Bande originale : Norman Orenstein
Origine : USA
Durée : 1h35
Sortie française : 25 juin 2008








5/10
SEULS TWO
Réalisateur : Eric Judor & Ramzy Bedia
Scénario : Eric Judor & Ramzy Bedia
Production : Alain Attal
Photo : Philippe Piffeteau
Origine : France
Durée : 1h34
Sortie française : 25 juin 2008