Accident

Déroutant

Affiche Accident

D'après les premiers retours des festivaliers de Venise, il fallait s'attendre à un Destination Finale façon petite série B Hong-Kongaise. À l'arrivée, on découvre surtout l'une des meilleures productions HK de l'année 2009, sorte de version thriller ambiant d'un Là-Haut.


Une équipe de tueurs professionnels, orchestrant des accidents mortels, est dirigé par l'énigmatique "Cerveau", un homme silencieux à la rigueur mécanique... Qui s'impose comme la figure centrale du film, un esprit paranoïaque vivant dans la peur de tout.
Accident
va se construire autour de cette paranoïa, délaissant les dialogues pour se concentrer sur la mise en image de cette peur permanente. D'une façon assez didactique, le film introduit dès sa première séquence un dialogue avec le spectateur, où le moindre détail peut avoir des conséquences très graves sur l'action en cours / à venir. Pas facile d'usurper le rôle de Mère Nature !

Accident
 

La quête du détail, de la perfection amène logiquement le film à mettre en place des motifs visuels réguliers, reflétant ainsi l'évolution des personnages, en particulier celui du Cerveau. Le simple fait d'ouvrir la porte d'entrée d'un immeuble permet donc de caractériser les personnages, il y aura celui qui protège soigneusement son entrée, et de l'autre, celui qui rentre sans se poser de questions.
À côté, il faut ajouter le jeu des regards, des chuchotements... tout ce qui est susceptible d'entretenir au maximum la peur, par extension l'ambiguïté complète des situations. De même, l'environnement urbain synthétise cette prison mentale, comme les fenêtres bulles pour des protagonistes vivant dans "leur" monde, aux visages désaxés dans la pénombre d'une petite pièce, en passant par les immeubles écrasant les individus. Sans oublier la pluie, qui viendra voiler l'action...


Autrement dit, la mise en scène transcende de loin le point de départ. Ainsi, en nous plongeant dans l'enfer-labyrinthe mécanique du Cerveau, le film nous interpelle sur notre propre considération de l'existence. À savoir, sommes-nous capables d'oser lâcher prise ? Pas mal venant d'une "petite série B" jouant sur l'intelligence des spectateurs.

7/10
YI NGOI
Réalisateur : Pou-Soi Cheang
Scénario : Kam-Yuen Szeto & Lik-Kei Tang

Production : Johnnie To & John Chong
Photo : Yuen Man Fung
Montage : David M. Richardson
Bande originale : Xavier Jamaux
Origine : Hong Kong

Durée : 1H29
Sortie française : 30 décembre 2009