A l'affiche - Semaine 21
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- Bobine minute par l'ouvreuse le 21 mai 2012
Cavale et cabane
Sorti directement en DVD le 3 mai dernier sous l'égide d'Aventi, l'islandais Illegal Traffic (Reykjavik-Rotterdam en VO) d'Oskar Jonasson était candidat à la statuette du meilleur film étranger en 2010.
Un film Noir à l'ambiance cafardeuse à souhait et particulièrement percutant, incisif dans la peinture de l'histoire d'un homme tombé pour trafic d'alcool et que les circonstances vont amener à y replonger. Il n'a déjà pas grand chose et il risque désormais de le perdre.
Ne nous leurrons pas, cette sortie tardive n'est pas motivée par la subite révélation des qualités intrinsèques du film mais bien parce qu'un remake intitulé Contrebande réalisé par Baltasar Kormakur (acteur principal de Illegal Trafic) avec Mark Walhberg, Kate Beckinsale, Ben Foster et Giovanni Ribisi sort en salle ce mois-ci (le 16 pour être précis). Cependant, ce biais est l'occasion de découvrir un autre cinéma et en l'occurrence un excellent petit film qui ne se perd pas en fioritures et où les protagonistes principaux sont rapidement et solidement caractérisés.Â
Peinant à joindre les deux bouts, Christopher et sa famille vivent en sus quasiment au crochet de son ami et ex-employeur, un contrebandier de Reykjavik masquant ses activités d'import illégal d'alcool en provenance de Rotterdam sous le vernis d'une entreprise de BTP. En effet, tout ce dont il ne veut plus parce qu'il en a acquis un plus gros et moderne modèle (télé, frigo, cuisinière, ...) il leur refile. C'est presque le cas d'Iris sauf que cette dernière l'a quitté volontairement pour vivre avec Christopher. Une forme de dépendance qui va s'accentuer lorsque Christopher est contraint de revenir dans le giron du trafiquant pour sa propre survie (il est au fond du trou financièrement) et pour dédouaner son beau-frère fricotant maladroitement avec ce milieu. Tandis qu'il organise, en compagnie d'une petite équipe, sur le bateau l'amenant à Rotterdam tous les préparatifs pour dissimuler leur manège, sa femme va être menacée par des gros bras. Heureusement, l'ami de Christopher va proposer sa protection à son domicile...Â
Les embuches seront multiples pour l'anti-héros, devant déjouer la surveillance sur le navire (puis la douane et autres manipulations) tout en constatant progressivement que la situation sulfureuse sur le continent lui échappe. Fort bien rythmé, le film ménage pas mal de suspense tout en réservant un traitement non dénué d'un humour noir qui décontenance avec certain plaisir et dramatise des situations alors inextricables. Ce n'est pas une révolution en terme de réalisation mais c'est cohérent d'un bout à l'autre et le réal sait ménager ses effets et révéler petit à petit la véritable menace à la fragile existence de l'équilibriste Christopher.
Nicolas Zugasti
Joss Whedon a le vent poupe. Le voici au scénario de ce slasher d'apparence anodine, offrant la réalisation à un de ses protégés, Drew Goddard (débutant comme scénariste sur Buffy Contre Les Vampires). On y retrouve quelques têtes de la Whedon family, en plus de l'affable Richard Jenkins et de Bradley Whitford.
D'apparence anodine disions-nous, car la promo a déjà éventé l'argument numéro un du film : La Cabane Dans Les Bois n'est pas un slasher comme les autres. Il est même un film d'horreur original. Si le cadre (trop) intimiste fait penser à la prosmiscuité de Dollhouse et si l'histoire désamorce les vélleités horrifiques, le tout est rattrapé par des rebondissements qui tiennent en haleine, un suspens efficace sur les vélléités de cette organisation qui tire les ficelles, ainsi qu'un humour plutôt salvateur. Proposant un recul sur les règles du genre, le film a l'intelligence de ne pas en faire une fin en soi, et de punir par le procédé de l'arroseur arrosé ceux qui se sentaient à l'abri du massacre. Le final procède d'un n'importe quoi un brin décevant, mais joyeusement nihiliste. Sympathique.
Guénaël Eveno