La Boum

Poupette la grise

Affiche La Boum

Claude Pinoteau nous a quittés le 5 octobre dernier. Ayant appris auprès des plus grands (Verneuil, Cocteau, Melville, Clair, De Broca... excusez du peu), il était surtout connu du grand public pour avoir réalisé et co-écrit en 1980 un carton au box-office européen : La Boum.


Un succès qui est resté, si l'on en croit les multi-rediffusions encore fréquentes à la télé ou l'état de la bande VHS de votre petite sœur. Sans être un chef-d'oeuvre (le jeu des jeunes acteurs est parfois plus que limite), La Boum avait su incontestablement poser ses personnages et raconter une histoire qui, à la manière d'un conte, pouvait parler au plus grand nombre.

Or, à y regarder de plus près, le scénario de La Boum n'est pas sans rappeler le monomythe mis en évidence par Joseph Campbell et popularisé auprès des scénaristes du monde entier par le succès Star Wars.
Certaines des étapes importantes du monomythe correspondent en effet très bien au scénario de La Boum :

L’appel de l’aventure : un garçon invite Vic (Sophie Marceau) à sa première boum.

Le refus de l’appel : dans les escaliers qui mènent à la soirée, Vic prend peur, reculant devant la montagne qui l'attend, avant de se laisser convaincre par son amie Pénélope (prénom de l'épouse d'Ulysse dans la mythologie greque, référence ou simple coïncidence ?).

La Boum
 

L’aide surnaturelle : tout au long du film, Poupette, la grand-mère de Vic, donne des conseils à l'héroïne (comment convaincre ses parents de la laisser aller à une boum ? Comment séduire un garçon ? Ne jamais s'avouer vaincue. Ne mentir que si l'on est certain de ne pas se faire piquer. Etc.)

Le passage du premier seuil : Sophie Marceau entre dans sa première boum. Le gardien du seuil prend la forme d'un ado qui fait messager entre elle, Pénélope et son love interest. D'abord débordée par la situation, elle appelle ses parents à la rescousse, mais finit par le "vaincre" en rencontrant un autre garçon. Le déclic a lieu quand celui-ci lui fait écouter avec son walkman une chanson de Richard Sanderson au premier vers fort évocateur que n'aurait pas renié Dorothy dans Le Magicien D'Oz : "Dreams are my reality".

La Boum
 

Le ventre de la baleine : Vic, bien décidée à en finir une bonne fois pour toutes avec son pucelage, s'enferme avec son petit ami dans une cabine d'essayage à Cabourg.

Le chemin des épreuves : le film en lui-même consiste en une série de soirées qui sont autant d'épreuves à affronter pour l'héroïne.

La rencontre avec le Dieu ; résolution du complexe d'oedipe : lors d'une soirée rollers, Vic fait mine d'embrasser son père (Claude Brasseur)  sur la bouche pour rendre jaloux Mathieu, qui la trompe (à noter que le père est alors considéré comme un demi-Dieu auprès de la petite sœur de Pénélope et qu'il cite... Cendrillon).

La Boum
 

La réunion à la mère : Vic, soutenue par le "Dieu" (le père) doit comprendre que la mère est miséricordieuse. Vic, qui atteint progressivement une certaine maturité, aperçoit le visage occulté de la mère (elle découvre que celle-ci couche avec son prof de maths, Bernard Giraudeau). Elles sont ainsi réunies.

Libre devant la vie : Vic est le vecteur des transformations. En effet, à la fin du film ses parents qui étaient sur le point de se séparer se retrouvent dans le bar ou ils s'étaient rencontrés la première fois. La famille est soudée à nouveau.

Reste une question : l'utilisation du monomythe dans La Boum, à première vue saugrenue, est-elle involontaire ou au contraire parfaitement assumée ? Nul ici ne peut le dire. Cependant, il nous plaît de croire que les références laissées par Claude Pinoteau à l'arrière-plan de son film sont autant de petits indices qui mènent tous dans la même direction...

La Boum
  
La Boum
  
La Boum

 

LA BOUM
Réalisateur : Claude Pinoteau

Scénario : Danièle Thompson & Claude Pinoteau

Production : Alain Poiré & Marcel Dassault

Photo : Edmond Séchan

Montage : Marie-Josèphe Yoyotte

Bande originale : Vladimir Cosma

Origine : France

Durée : 1h40

Sortie française : 17 décembre 1980