Les Yeux De Julia

Remain in light

Affiche Les Yeux De Julia

Après l’épouvante gothique de L’Orphelinat (J.A Bayona, 2008), le huis-clos jouant sur les codes du film de fantômes (Rabia, S. Cordero, 2010) et en attendant sa version du film de maison hantée (Don’t Be Afraid Of The Dark du novice Troy Nixey, prévu pour cette année), Del Toro continue de diversifier son activité de producteur.

Cette fois-ci avec un giallo réalisé par Guillem Morales (déjà remarqué pour El Habitante Incierto en 2004, inédit en France).

La Julia du titre est une astrophysicienne atteinte d’une maladie oculaire dégénérative qui risque de la rendre aveugle à plus ou moins long terme. Lorsque sa sœur jumelle Sara (l’excellente Belén Rueda dans un court double-rôle), atteinte de la même maladie, se suicide dans de mystérieuses circonstances, elle reste persuadée que cette dernière a été "poussée". Mais par qui ? Sara menant une existence plutôt solitaire…
Hommage évident aux premiers films de Dario Argento (on pense notamment à L’Oiseau Au Plumage De Cristal et au Chat A Neuf Queues) avec lesquels il partage un jeu sur les apparences et les trompe-l’œil (sans mauvais jeu de mot), Morales, grâce à sa mise en scène, fait tout pour éviter que les crises de cécité de Julia ne soient pas un gimmick scénaristique servant à diluer le suspense en plaçant le spectateur dans la position de ses personnages, jouant constamment sur les ombres et les lumières (panne de courant, crépitement de flash d’appareil photo), le visible et l’invisible.

Les Yeux De Julia
 

Deux scènes reflètent ce parti-pris : l’ouverture où Sara "sent" la présence de quelqu’un dans sa maison, que Morales, pour transmettre au spectateur le malaise ressenti par le personnage, situe l’action par une nuit d’orage où seuls les éclairs sont source de luminosité, trop faibles et trop brefs pour identifier clairement la silhouette.
L’autre scène est la visite de Julia dans le centre pour aveugles que fréquentait sa sœur et qui cette fois-ci aborde la tentation voyeuriste, où elle "profite" de ne pas être vu pour épier les pensionnaires avant de se faire repérer et d’apprendre qu’elle était elle-même suivie !
Dès lors la course-poursuite qui s’engage va avoir pour but de mettre en lumière le voyeur que ce soit avec les néons ou l’éclairage d’un écran de GSM.

Car si pour Argento la clé de l’énigme se trouve dans l’image (un miroir, une peinture), chez Morales elle se situe dans la lumière, d’où le choix des victimes. Et c’est dans un double-climax, l’un dans un appartement éclairé, le second dans une maison privée de lumière, que les rapports entre le tueur et sa proie se retrouveront inversés grâce aux idées de mises en scène astucieuses, comme le jeu sur l’axe des regards ou celui sur les mouvements des mains servant à cacher / repousser / révéler, qui mène à un dénouement où, si les ténèbres dissimulent, la lumière aussi peut tromper et effacer…

8/10
LOS OJOS DE JULIA
Réalisateur : Guillem Morales
Scénario : Guillem Morales & Oriol Paula
Production : Guillermo Del Toro, Mar Targonara, Joaquin Pedro, Mercedes Gamero
Photo : Oscar Faura
Montage : Juan Manuel Vilaseca
Bande originale : Fernando Velázquez
Origine : Espagne
Durée : 1h56
Sortie française : 22 décembre 2010




   

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