Expendables 2 : Unité Spéciale
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- Critique par Nicolas Zugasti le 17 septembre 2012
Deus Ex Machine Gun
Ils sont revenus ils sont tous là ! Voilà comment pourrait être simplement et justement résumé ce retour de la bande à Stallone.
Seulement, si cet opus est plus jouissif, il se montre aussi plus intéressant dans l’évocation et le regard porté sur le lustre d’antan d’action men au crépuscule de leur carrière.
Attention, le film n’est pas pour autant un modèle de réflexion sur le genre, son évolution et sa persistance tout comme il ne s’agit pas de se laisser aller à penser "trop fort avec son poignet" devant une œuvre avant tout mise en chantier pour l’unique plaisir de son spectacle roboratif, mais l’approche plus distanciée d’Expendables 2 par rapport au premier implique une telle interprétation.
Ainsi, on assiste au retour à des méthodes à l’ancienne pour Stallone et Statham lorsqu’il s’agit de bastonner du bad guy ou à la quasi statufaction et surtout stupéfaction de la bande lorsque le jeunot de la troupe les met à l’amende en gravissant en sprint une colline boisée malgré son bardas que l’on imagine lourd et encombrant. Leur date de péremption semble proche voire même dépassée mais ils sont toujours là , même s’ils ne sont plus aussi fringants. La séquence les voyant investir les vestiges d’une ville factice étasunienne servant de lieu d’entraînement à leurs ennemis de la Guerre Froide appuie ainsi leur appartenance à un passé révolu qui subsiste et dont le film tenterait de réactiver la mémoire. Des héros plus ou moins conscients de leur statut exceptionnel (ou de vieux fossiles) et qu’exprime maladroitement Barney Ross au moment de l’enterrement de Billy dans une tirade qui concurrencerait presque le ridicule de celle de Mickey Rourke dans le premier (sans doute un hommage à l’un des absent du film, avec Jet Li balancé après un quart d’heure) si Statham ne venait y mettre fin en demandant la marche à suivre pour relancer l’intrigue. Ross déballe alors un plan aussi simple et limité ("Les traquer, les trouver, les tuer.") que le film dans son entier.
Le scénario encore une fois tient sur un ticket de ciné et plus encore que précédemment n’est qu’un prétexte grossier pour un défilé de nos vieilles ganaches préférées qui pour les nouveaux intervenants (Schwarzenegger, Willis, Norris) est à la limite du placement produit. Ils déboulent dans le récit sans aucune autre justification que de servir de Deus Ex Machine Gun pour débloquer une situation de crise inextricable : emprisonnés sous terre, Arnold apparaît aux commandes d’un véhicule de forage ; pris sous le feu ennemi et à court de munitions, Chuck surgit littéralement de nulle part pour un nettoyage expéditif ; après avoir tancé Barney et sa troupe, Bruce vient leur prêter main forte dans le climax face à la petite armée de Vilain (Jean-Claude Van Damme). Une dernière partie de métrage à l’intérêt limité puisqu’au-delà de la résolution du conflit (punir le méchant), consiste essentiellement à produire les images fantasmées depuis le premier et la réunion avortée des piliers de la chaîne de restau Hollywood Planet, soit voir côté à côté Sly, Schwarzy et Willis défourailler tout azimut les armes à la main. Heureusement que les combats en corps à corps de Statham et Stallone sont là pour donner un peu d’inventivité et de diversité.
De toute manière, ce n’est clairement pas sur la mise en scène des séquences d’action que cet opus se démarque du précédent. Comme le premier, cela reste assez fonctionnel et c’est lorsque Expendables 2 verse allègrement dans le second degré (à la limite du pastiche) qu’il se montre le plus réjouissant. Le premier restait encore trop accroché à sa volonté de reproduire in vivo une bande d’action prenant au sérieux son argument narratif comme il en pleuvait dans les eighties. Sympathique mais à l’arrivée, on obtient une œuvre en deçà des attentes (pas question non plus de verser dans un discours méta-textuel mais au sortir de Rocky Balboa et John Rambo, on espérait quelquechose de plus travaillé de la part de l’étalon italien).
Ce deuxième épisode se montre donc beaucoup plus détendu du gland et offre l’occasion aux gros bras de se chambrer, donnant à l’ensemble une bonne humeur communicative à peine ternie par les répliques moisies que s’échangent rapidement Willis et Schwarzenegger en plein milieu de la bataille finale (on dirait q’uils singent Pierce Hawthorne lors de la mémorable soirée de commentaires lolesques sur la suite du cultissime Kickpuncher). Même les effusions appuyées d’hémoglobine numérique participent à cette distanciation drôlatique véritablement lancée lorsque au cours de l’assaut initial ouvrant le film, Barney et ses compagnons découvrent l’identité du prisonnier (une vieille connaissance de Ross, Trench interprété par Schwarzy). De même, le fait que le méchant en titre se nomme Vilain et l’apparition quasiment ex nihilo de la légende Chuck Norris renforcent cette volonté de porter un regard amusé sur l’ensemble. On pourra difficilement qualifier cette entreprise dérisoire de "méta", on n'est pas chez McTiernan et son Last Action Hero non plus, cependant, la simple ambition de former un film de potes heureux de jouer des coudes ensemble est tout à fait délectable. Et c’est déjà pas mal.
THE EXPENDABLES 2
Réalisateur : Simon West
Scénario : Richard Wenk, Sylvester Stallone, Ken Kaufman, David Agosto, Dave Callaham
Production : Boaz Davidson, Avi Lerner, Danny Lerner, Les Weldon…
Photo : Shelly Johnson
Montage : Todd E. Miller
Bande originale : Brian Tyler
Origine : Etats-Unis
Durée : 1h43
Sortie française : 22 août 2012